Parmi les espoirs de la nouvelle chanson française des années 2000 (Kerenn Ann, Benjamin Biolay, Vincent Delerm ou Sanseverino, pour ne citer qu'eux) le public a pu rapidement compter sur Bénabar. Après un premier album en équipe (Bénabar et Associés en 1997), le « petit trentenaire » est revenu en force dès 2002 avec un deuxième opus éponyme qui releva déjà de la haute-voltige ! Sur des faux-airs d’accordéon (comme une invitation à la danse), les douze titres de cet album révélèrent un auteur compositeur interprète largement inspiré. De quoi faire trembler ses concurrents les plus tenaces….

Si « Bruno » Bénabar n’est plus un débutant, il n’en est pas moins pour la plupart un inconnu. Plus pour longtemps tant la verve musicale du jeune homme rivalise avec les plus grands. Celui que l’on compare à un Renaud ou à un Higelin (dont il avoue s’inspirer) porte un nom de clown. Normal quand on sait qu’il lui vient de Patchol et Barnabé (Barnabé=Bénabar en verlan), des clowns à qui il emprunta le nom de son premier groupe, et que sa musique haute en couleurs et en rythme a des faux-airs de cirque (trompettes et grosse caisse à l’appui). Les thèmes abordés dans ses chansons ne sont pas en reste : Approchez ou Majorette évoquent ce même univers merveilleux et festif. Mais c’est dans la caricature du quotidien que Bénabar excelle. C’est là aussi qu’il se rapproche de Renaud, dans son vocabulaire, dans sa façon bien à lui de traiter de l’enfance (Vélo, Adolescente dans son premier album) ou du mal-être (Bon anniversaire, Y a une fille qu’habite chez moi,…).

Le parcours du musicien est « classique » quoique tardif : né Bruno Nicolini le 16 juin 1969 à Thiais, et après une adolescence sans histoire dans son village natal de Saintry-sur-Seine, il s’oriente d’abord vers le cinéma, écrit des scénarios pour la télévision (la série H de Canal Plus) et tourne même trois courts-métrages (dont le remarqué José Jeannette en 1992) . Mais devant le manque de moyens matériels et financiers, il s’oriente vers la musique. Ce fils de libraire et de régisseur de cinéma est depuis longtemps familiarisé avec les instruments (le piano qu’il apprend au Conservatoire et la trompette qu’il apprend dès l’âge de huit ans). Subjugués alors par les grands talents de la chanson française (Aznavour, Brel, Brassens, Renaud, Higelin,…) et internationale (Tom Waits ou Nino Rota), il franchit le pas. Il fonde alors en 1996 Bénabar et Associés, un groupe de copains avec lequel il fait le meilleur des apprentissages : la scène. Fidèle à ses amis qui l’accompagnent depuis ses débuts (Denis Grare (1964-2023), Vincent Schaeffer, eux aussi originaires de l’Ile de France…), Bénabar gravit une à une les marches du vedettariat. Remarqué en première partie d’Henri Salvador, il se donne à fond dans l’écriture de chansons. A la même époque (1999), il fait la connaissance de Stéphanie, qui partage sa vie encore aujourd'hui et avec laquelle il aura deux enfants (Manolo en 2004 et Ludmilla en 2009).

Après le succès de son deuxième album qui lui vaut aussi une nomination aux Victoires de la Musique 2003, le chanteur enchaîne sur la sortie de son déjà troisième disque Les risques du métier. Comme si le temps pressait. Le temps, il en trouve encore pour faire de la scène : l’Olympia, Bourges, ou les Francofolies, où le public vient nombreux l’accueillir et l’acclamer. Les médias appuient également avec ferveur sa démarche artistique (France Inter passa en boucle Bon anniversaire ou Y’a une fille qu’habite chez moi).

Comparé d’une part à ses compatriotes de la nouvelle vague (Delerm, Sanseverino, Yann Tiersen, Cali, Biolay, Kerenn Ann, Carla Bruni,etc etc…) grâce à sa façon énergique de mêler musique traditionnelle et textes réalistes ; associé d’autre part aux plus grands artistes francophones (Renaud, Brassens, ou Higelin), le jeune Bénabar ne laisse personne indifférent. Ses textes drôles et intelligents, sa musique explosive et colorée, laissent entrevoir un artiste de grande qualité. Ce qui se confirme avec chacun de ses albums (Reprise des négociations en 2005, Infréquentable en 2008 avec un titre écrit par Louis Chédid...) et les récompenses qui les accompagnent (Victoires de la Musique 2004, 2007...).  A la fin des années 2000, le chanteur est engagé pour jouer dans le film de Lavaine Incognito avec Franck Dubosc. Cette comédie rencontre un succès mérité et entraîne Bénabar à fouler les planches des théâtres en 2011 aux côtés de Jacques Weber, puis en 2016 dans une pièce qu'il a co-écrite : Je vous écoute. Tout au long des années 2010, le chanteur alterne ainsi entre cinéma, télévision et musique. Il apparaît à l'écran dans Beaux-parents ou encore Les grands gamins, puis à la télévision dans différentes séries, tout en se produisant sur scène à l'occasion des sorties de Inspiré de faits réels ou de Le début de la suite.

Omniprésent, Bénabar a installé un univers sucré et poétique, dans lequel l'enfant côtoie la femme aimée, et où la tendresse accompagne souvent la bienveillance. Fidèle en amour et en amitié, il est devenu et reste un artiste chéri du public qui lui rend cette fidélité comme une trace d'amour.

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