Arrivé en 2003 sur la scène francophone, Bruno Caliciuri alias Cali
débarque à grands coups de chansons intimistes. Dans la lignée des
"petits trentenaires" inaugurée par Bénabar avec son album Bon
anniversaire, Cali promène son mal d'amour sur toutes les scènes de
l'Hexagone. Coup de projecteur sur un artiste désabusé.
Né à Perpignan le 28 juin 1968, Bruno Caliciuri passe son
enfance à Vernet-les-Bains à quelques dizaines de kilomètres de là.
Une enfance marquée par le décès brutal de sa mère en 1975, à seulement
trente-quatre ans, alors que Bruno n'est qu'un petit garçon. Enfant du
Sud, il reste fasciné par la capitale de ce Roussillon
franco-espagnol, et s'il y habite encore longtemps, c'est pour mieux
s'imprégner de ses ruelles et de ses airs populaires, pour s'y
ressourcer et y trouver l'inspiration. Ses années d'adolescence sont
bercées de musique anglo-saxonne, et prend un tour nouveau
quand, en octobre 1984, le jeune Bruno assiste à Toulouse à un concert
de U2. Les quatre irlandais provoquent en lui un électrochoc. Il laisse
tomber le rugby qu'il pratique à un très bon niveau. Viennent
alors les premiers groupes de copains, avec lesquels Bruno écument les
bals de la région.
Plus
sérieusement, le jeune homme crée en 1994 le groupe Indy
qui débouche sur des centaines de concerts et deux albums auto
produits. Enfants de la mouvance punk, les musiciens s'essayent à la
musique expérimentale ou néo-gothique. Au sein de Tom Scarlett, son
deuxième véritable groupe aux relents de pop british, l'artiste
peaufine son écriture et sort un troisième album auto produit en 1998.
Il fait même la première partie de Berthet. C'est à cette époque que
naît son fils Milo-James mais le couple qu'il forme avec la mère du
jeune garçon ne tient pas. Fort de ces années
d'expérience musicale, Bruno commence enfin une carrière solo en 2000,
à plus de
trente ans. Il maquille son nom en Cali et rentre au
Médiator de Perpignan. Cette salle-école est en fait un ancien cinéma
porno que la municipalité a transformé en lieu de culture. Sur place,
on y trouve une salle de concert, un studio d'enregistrement, et toute
l'infrastructure manquant aux jeunes formations locales.
Riche d'une quarantaine de chansons à son répertoire, Cali s'invite
pour un passage éclair sur les ondes de France Inter, puis aux
Francofolies de La Rochelle en juillet 2002. Cela suffit à faire de lui
un des jeunes espoirs de la nouvelle scène française. En effet, un
producteur parisien de la firme Labels, venu au festival en quête de
nouveaux talents, est séduit par son style et lui propose d'emblée un
contrat, signé fin 2002.
Retour
au Mediator pour l'enregistrement des treize titres de son premier
album L'amour parfait , qui sort en 2003.
Ses thèmes de prédilection : l'amour, l'amour, et encore l'amour.
Mais
pas cet amour serein ou contemplatif qui fait la renommée des chanteurs
chevronnés (Aznavour, Adamo, Salvador,…) ; mais plutôt l'amour
tourmenté et fragile des grands adolescents, enfants d'une époque
trouble (Miossec, Bénabar, Dominique A,…). S'il se défend d'écrire des
chansons autobiographiques, Cali ne saurait nous mentir. De L'amour
parfait à Tes désirs font désordre,
ces sentences assassines et ces rancœurs à peine déguisées sont le
reflet d'un homme blessé (« Je ne me réveille jamais près de vous,
et
j'en crève » ; « Je crois que je ne t'aime plus, elle a
dit ça hier » ;
« J'ai le sourire jusqu'aux oreilles, de te voir déguerpir ma
vieille »…). Cette amertume fait aussi sa force, qui pousse
l'auditeur
à mieux l'écouter, à essayer de comprendre ses chansons. Entre
compassion et dérision, cet album sent bon la jeunesse d'écriture et le
talent à en revendre.
Le premier extrait ( C'est quand le bonheur )
à peine dans les bacs, le nom de Cali rebondit d'onde en onde (radio
évidemment) et fait boule de neige. En première partie de Bénabar, de Berthet ou de Brigitte Fontaine, Cali reprend le chemin de la scène et colporte son style unique dans
tout l'Hexagone. Il invente une chanson si familière (il ne renie pas
sa parenté avec un Miossec ) et pourtant résolument nouvelle. Ce drôle
chanteur qui affirme travailler dans la lenteur, récolte, en débutant,
les premiers fruits de sa maturité.
Dès le printemps 2004, un DVD, Plein de vie, raconte l'intensité de ses concerts sur les scènes de France (dont le Bataclan
puis plus tard l'Olympia). Puis, les années s'enchaînent et le
roussillonnais ne compte pas se faire oublier. Fin 2005 sort le très
attendu Menteur, deuxième opus avec des participations de M ou encore Daniel Darc.
Avec sa compagne Caroline, le chanteur donne naissance en 2006 à leur
fille Coco Grace. Puis il s'essaie au cinéma la même année en tournant
dans Magique pour lequel il
écrit la BOF. Malgré les ventes à plusieurs centaines de milliers
d'exemplaires de ses deux premiers disques, il faut attendre son
troisième album L'espoir en 2008 pour que les Victoires de la musique lui décerne sa première récompense (début 2009).
De 2010 à 2012, Cali écrit, enregistre, publie et joue sur scène son nouvel album La vie est une truite arc-en-ciel qui nage dans mon coeur. Puis après le tumulte des tournées, il reprend comme à chaque fois le chemin des Pyrénées et enregistre en 2012 Vernet-les-Bains, un album dans lequel apparaissent Miossec, le fidèle ami, mais aussi Bénabar et Dominique A.
La famille s'agrandit en 2013 avec la naissance de Popée, dont Cali
évoquera l'existence dans deux de ses titres et sur la pochette d'un
album. Puis l'artiste fait une parenthèse dans ses créations originales
pour consacrer un album à Léo Ferré en publiant L'âge d'or,
qui rencontre également un vif succès. Avec les années et la paternité
(il est le père de deux filles, Popée et Coco), Cali s'assagit,
apparaît davantage comme un artiste mature que comme l'électron libre
de ses débuts. Les prises de position politiques se font rares mais
l'artiste continue son travail de création en entraînant avec lui un
public fidèle et nombreux.
Il
ajoute même une corde à son arc en publiant en 2018 et 2019 deux romans
à caractère autobiographiques. En ce début 2019, il devient également
père pour la quatrième fois avec l'arrivée de Misha. Avec la crise
sanitaire de la Covid-19, son album Cavale
sort en plein confinement et l'artiste ronge son frein. Il utilise
alors les réseaux sociaux pour promouvoir son travail, privé de scène
comme tous les artistes d'alors. En 2022, et seize ans après l'aventure
Magique, Cali retrouve le cinéma en tournant dans Monsieur Constant d'Alain Simon aux côtés de Danièle Evenou.
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