Carlos   La joie de vivre en héritage 1943-2008

Lorsqu'on évoque le chanteur Carlos, les souvenirs prennent des teintes d'enfance et de joie de vivre. Personnage hors-norme, rondouillard et rigolard, il berça la jeunesse de millions de français avec ses tubes sans prétention tels que Papayou, Rosalie (détourné à l'occasion d'une publicité pour Oasis tournée avec le chanteur lui-même), Big Bisou, Le bougalou du loup-garou, ou encore La cantine ou Senor Meteo. Son répertoire prolifique évoque l'amitié, l'humour, l'enfance, et la fête. Aux antipodes des parents très sérieux et médiatisés que furent sa mère Françoise Dolto et son père Boris Dolto. Retour sur la vie d'un homme jovial.

En pleine deuxième guerre mondiale, Françoise Dolto (1908-1988), pédiatre et psychanalyste qui sera mondialement connue pour ses ouvrages sur l'éducation, donne naissance à l'aîné de ses enfants Jean-Chrysostome (nommé aussi Yvan). Le père de famille, Boris Dolto (1899-1981), est kinésithérapeute et fondateur de l'école française de massage. Son enfance est tranquille, entre Paris et la côte d'Azur, où les Dolto achètent une maison en viager. Entouré de ses parents et de ses frère et soeur (Grégoire né en 1944 et Catherine née en  1946), la famille passe des jours heureux.  A l'adolescence, il  anime des soirées dans son quartier Notre-Dame, soirées qu'il intitule les soirée de l'Ambiance.  Le ton est donné. Il y rencontre ses amis les Drucker (Michel et Jean), ou le futur Johnny Hallyday. C'est à cette époque, en 1958 exactement, qu'il troque son véritable prénom par celui de Carlos, en hommage au percusionniste Carlos Patato-Valdes. Alors qu'il poursuit des études de kiné dont il sort diplômé, il décide de ne pas suivre la voie tracée par son père. En effet, à dix-neuf ans, proche du couple Johnny Hallyday-Sylvie Vartan, il s'engage dans la carrière du "show-business". Nous sommes en 1962 et il commence sa nouvelle profession sur la radio Europe 1, en remplaçant Lucien Morisse (alors en couple avec Dalida).

Puis, à la demande Johnny, il accompagne Sylvie Vartan sur une tournée et devient son homme à tout faire à la fois secrétaire et assistant. Il devient même parrain de David, enfant né de l'union des deux stars en 1966. Ses premiers pas dans la chanson se déroulent encore grâce aux deux hanteurs. Carlos accompagne Sylvie sur le titre 2 minutes 35 de bonheur en 1967. Il se lance alors en solo en enregistrant dès 1969 La vie est belle puis Y'a des indiens partout qui devient disque d'or en 1970. Il change de tenue vestimentaire et apparaît désormais en chemise bariolée, souvent en salopette. Une tenue décontractée qui colle bien à l'image qu'offrent ses chansons : celle d'un bon vivant drôle et dynamique. Il enregistre ses premiers albums, dont certains titres sont chantés en duo avec Joe Dassin, Joëlle Mogensen (Il était une fois) ou encore Alice Dona. Durant l'année 1972, il accompagne la carvane du Tour de France et part ainsi à la rencontre de son public, alors que le tube La cantine devient également disque d'or, tout comme Tout nu et tout bronzé en 1973 ou encore, quelques années plus tard, l'autre immense succès Big bisou, écrit par son ami Joe Dassin. Il passe à l'Olympia et y enregistre un album.

L'artiste se marie en juin 1978 avec Michelle Toussaint, rencontrée quelques années plus tôt. En interprétant Rosalie la même année, déguisé en créole, il trouve l'opportunité de faire de la publicité pour une marque de boisson fruitée (Oasis). Ses pubs sont vues par des millions de français qui fredonnent "Mais qu'est-ce qu'tu bois Doudou dis-donc ?" en lieu de "Qu'est-ce que t'as Doudou dis-donc ?".  Pendant une dizaine d'années,  ce contrat publicitaire va lui permettre d'assurer des revenus  supplémentaires. Car côté chansons, le chanteur connaît des hauts et des bas. Les années 80 voient l'émergence des chanteurs populaires et engagés comme Goldman, Renaud, Berger, Bashung, Téléphone, Cabrel, etc... et le public se lasse des titres de Carlos, se contentant de l'écouter lors de soirées dansantes ou des fêtes estivales. Il profite de ce calme apparent pour se consacrer aux Restos du coeur avec Coluche, avant de revenir sur le devant de la scène à la fin des années 80 avec Tirelipimpon. Ce titre lui permet de revenir à la télévision qui l'utilise comme présentateur ou comédien dans la série JAP.

Il ne cesse de se produire sur les scènes de France avec la radio Europe 1 ou lors de tournées nationales. Sa sympathie et sa bonne humeur font aussi de lui un excellent invité des émissions télévisées. Après avoir été un des piliers des longues émissions des Carpentier dans les années 70, on le voit chez Ardisson, Dorothée, Bouvard (Grosses têtes), Patrick Sébastien, Les Nuls... Il tourne également des émissions de voyage durant lesquelles il parle de sa passion pour la pêche au gros et la mer. Il a même droit à son dessin-animé intitulé Les aventures de Carlos (dès 1992). C'est en 1996, à seulement cinquante-trois ans, qu'il écrit son autobiographie Je m'appelle Carlos. Il profite aussi de sa notoriété pour publier des recueils d'histoires drôles.

S'il enregistre encore quelques disque deci-delà, ses activités musicales restent secondaires. En janvier 2008, il enregistre sa dernière émission des Grosses têtes et révèle être atteint d'un cancer du foie depuis quelques semaines. Cette maladie foudroyante le terrasse et le 17 janvier de la même année, le chanteur décède à l'hopital Beaujon de Clichy, près de Paris. L'annonce de son décès provoque une cague de réactions sympathiques et ses meilleurs amis pleurent le copain, le confident qu'il était. "C'était mon frère, c'est une catastrophe, la vie est trop con" déclare alors Johnny au lendemain de sa mort. Depuis, Carlos reste associé à une vision joyeuse de la vie et ses chansons, ses blagues, ses apparitions télévisées accompagnent chacun des moments heureux de la vie des français.

SB novembre 2023