D'Italie en Egypte
C'est dans le quartier de Choubrah du Caire, en Egypte,
que naît Yolanda, fille d'immigrés italiens du début
du siècle, second enfant de la famille Gigliotti, après
son aîné Orlando, et avant son cadet Bruno. Pietro, le père
de famille, est violoniste à l'Opéra pendant que Giuseppina,
la mère, s'occupe des enfants. Yolanda manifeste un goût
pour l'art. On l'apprécie dans les représentations théatrales
du collège, mais c'est surtout son physique qui attire, et ce malgré
de graves problèmes d'yeux qui l'obligent à porter longtemps
des lunettes (qu'elle finira par jeter par la fenêtre)...
Une jeunesse ordinaire
Enfant de bourgeois aisés, Yolanda vit
une enfance sans histoire, fréquentant une école catholique
et grandissant comme toute adolescente, entourée de ses amis et
de sa famille. Alors qu'elle se destine à une carrière de
secrétaire, l'attirance qu'elle suscite chez les hommes change
sa conception de l'avenir. En 1951, alors qu'elle a à peine
dix-huit ans, elle se présente à un concours de beauté
en maillot de bain, et provoque le courroux de toute sa famille. Mais
elle a compris le pouvoir de son charme, et lorsqu'elle commence à
travailler dans une maison de couture, elle devient naturellement mannequin.
Elle a la beauté mystérieuse des actrices américaines
de l'époque, et son corps élancé lui permet en 1954 de décrocher, à la surprise générale de sa
famille, le prix de Miss Egypte !
De l'anonymat au cinéma, et du
cinéma à la chanson...
De suite, Yolanda, devenue Dalida, tourne
pour le cinéma (voir sa filmographie ci-dessous).
D'abord pour le cinéma égyptien, puis pour le cinéma
français, après qu'un réalisateur français,
Marc de Gastyne, l'eut repérée. C'est à cette occasion
qu'elle quitte, le 25 décembre 1954, l'Egypte et sa famille
pour Paris. En fait de cinéma, pour survivre, elle prend des cours
de chant, et commence à chanter dans des cabarets, présentée
comme la révélation française de l'année.
Un concours de circonstances va faire d'elle une star. La rencontre de
trois hommes va bouleverser sa vie.
Tout d'abord Bruno Coquatrix. Il est le nouveau
propriétaire d'un établissement nommé l'Olympia.
En quelques années, il fera de cet ancien cinéma le haut
lieu du music-hall en France, et fera passer sur cette scène les
plus grands artistes internationaux : de Jacques
Brel aux Beatles, en passant par Johnny
Halliday, Brassens,
Adamo, Sardou,
etc...etc... Il anime une émission sur Europe 1 : Numéros
un de demain, et est alors à la recherche de nouveaux talents....
Puis Lucien Morisse, directeur artistique d'Europe
1, et naturellement à l'écoute de tout ce qui se fait de
nouveau. Il est aussi à la recherche de jeunes talents...Il sera
l'amant de Dalida, malgré son mariage et l'opinion publique.
Et enfin un certain Eddie Barclay, producteur
de disques, lui encore à la recherche de nouveaux talents. Il produira
par la suite des gens comme Brel
ou Aznavour.
Un homme d'affaires, mais aussi un homme de coeur et un gentleman...
Elle interprète sur Europe 1 Etrangère
au paradis et se fait aussitôt remarquer. Barclay lui permet
l'enregistrement d'un premier disque, Madonna, puis d'un second,
Bambino. Grace à Morisse, le titre entrainant et jovial
est passé toute la journée sur l'antenne d'Europe 1 et devient
de suite un tube. Nous sommes en 1956, et Dalida devient
très rapidement une star : l'Olympia l'accueille, le public se
presse pour la voir, et en un an, elle obtient un disque d'or pour Bambino
(300 000 exemplaires vendus), première récompense d'un très
longue série (elle a aujourd'hui vendu plus de 120 millions de
disques à travers le monde et a été célébrée
des dizaines de fois : disques d'or, de platine, de diamant, Oscar de
la chanson, Oscar mondial du disque, médaille de la Présidence
de la République reçue des mains de De Gaulle lui-même,....une
place porte son nom à Paris, et une monnaie a été
frappée à son effigie à sa mort).
La gloire
Le succès de Dalida se propage dans toute
l'Europe et même au-delà. Elle part en tournée en
Italie, pays de ses origines, et dans de nombreux autres pays, dont l'Egypte,
où elle est accueillie comme une reine. En France, elle remplit
les plus grandes salles et ses disques s'arrachent. Côté
coeur, après avoir enfin divorcé, Lucien Morisse épouse Dalida le 8 avril 1961. Tout semble aller pour le mieux
pour la jeune femme de 28 ans. Mais le mariage cache mal une relation
usée par les années et le métier. Profitant de ses
tournées à l'étranger et de ses nombreuses rencontres, Dalida s'éloigne peu à peu de son mari. Elle reprend
sa liberté. C'est en 1962, après le succès
de Petit Gonzales, qu'elle s'achète une maison à
Paris, sur les hauteurs de Montmartre, une maison qu'elle aimera et habitera
jusqu'à sa mort (rue d'Orchampt). Cette maison lui offre aussi la liberté
totale puisqu'au même moment, elle divorce de Morisse. Les succès
discographiques s'enchaînent, mais Dalida est seule et rêve
de l'homme idéal.
Et la solitude...
Pour
combler sa solitude, elle fait venir en 1966 sa famille à Paris. Sa
cousine Rosy devient sa secrétaire, et surtout son jeune frère Bruno
devient son bras droit (il prend à l'occasion le prénom de leur grand
frère Orlando !). En 1966 toujours, elle croit rompre cette solitude en
rencontrant un jeune débutant Luigi Tenco. Ils se rencontrent à
plusieurs reprises, tout d'abord dans un but professionnel (ils doivent
concourir ensemble au Festival de San Remo), puis dans un but
personnel. Ils tombent follement amoureux l'un de l'autre, jusqu'à
prévoir leur mariage dans les mois à venir. Mais le malheur viendra les
séparer. Le soir de la finale du festival, Luigi, saoul et hors de lui
insulte le jury (ni lui ni Dalida n'ont gagné) et finit, dans un état
violent de déprime, par se suicider dans sa chambre d'hôtel. Dalida est
effondrée par ce drame. Commence pour elle une longue série
d'évènements malheureux qui petit à petit ruineront sa santé
psychologique et sa joie de vivre. Elle tente une première fois de se
suicider la même année, heureusement sans réussite.
Une nouvelle Dalida
Cet épisode dramatique va changer sa vie et son
personnage. Elle n'est plus la jeune chanteuse de Bambino,
mais une femme plus mûre, ferrue de littérature et de philosophie, une
artiste reconnue et adulée. Pour survivre à ses malheurs, elle
entreprend une analyse et une étude de sa personnalité. Elle cherche à
se comprendre et à se situer dans sa vie riche en évènements. Elle
décide de ne se consacrer qu'à une chanson plus poètique et artistique,
et de laisser tomber les tubes faciles et joyeux. Ce nouveau répertoire
plus intimiste ne réduit pour autant pas sa popularité. En septembre
1970, Lucien Morisse, son ex-mari, se suicide. Dalida voit peu à peu le
monde s'effondrer autour d'elle. Les années 70 s'annoncent plus
sereinement cependant. Elle rencontre Richard Chanfray, dit le comte de
St-Germain, et sa carrière se stabilise, enchaînant encore des succès
immenses même si le rythme est moins soutenu.
La vie continue, avec ses hauts et ses
bas...
Malgré tout, et grâce à la sérénité
qu'elle retrouve avec son nouveau compagnon, sa carrière reprend
de plus belle. A nouveau les succès s'enchaînent : Il
venait d'avoir dix-huit ans (1973, écrite par Pascal
Sevran), Gigi l'amoroso (1974), J'attendrai (1975) qui surfe sur la vague disco,
etc...), ainsi que les concerts et les tournées internationales.
Elle passe aussi dans de nombreuses émissions télévisées
qui assoient sa popularité. Dalida ne subit pas les modes
et les années, en sachant s'adapter à chaque époque.
Ainsi, en 1978, en pleine époque disco, elle sort un album
disco Génération 78. Elle s'exporte aussi aux Etats-Unis
où son succès est immense. Elle garde de ce séjour
une mise en scène très music-hall qu'elle utilisera dès 1980 sur scène au Palais des Sports de Paris. Un spectacle
grandiose. Mais un drame encore va ternir son bonheur : elle se sépare
du Comte St Germain, homme devenu violent et dangereux. Encore une fois,
l'amour lui échappe. Et ses prochaines amours ne seront pas plus
abouties. Parallèlement, son amitié affichée pour
le nouveau président François Mitterand nuit à sa
carrière. Ce sont autant de raisons pour Dalida de s'isoler
et de s'éloigner. Elle part pour une longue tournée de un
an...
Retour en France
Son retour prouve qu'elle reste malgré tout
une grande star. Personne ne l'oublie et ses albums sont des records
de ventes. Mais en cette année 1983, Richard Chanfray
se suicide. L'édifice fragile s'effondre définitivement. Dalida est à bout, malgré l'acharnement avec
lequel elle se jette dans le travail. Elle tourne au cinéma
dans le Sixième jour de Youssef Chahine et remporte
un énorme succès, mais rien ne ramène la joie
en son coeur. Tous les hommes qu'elle a aimés ont disparu
tragiquement. C'en est trop pour cette femme fragile et tendre.
Elle décide de mettre fin à ses jours et est retrouvée
morte le 3 mai 1987 dans sa maison parisienne. Le public
garde d'elle l'image d'une femme fragile et forte à la fois,
au talent multiple et immense. Une star que la mort a figée
dans le temps et dans l'histoire.
SB septembre 2001-juin 2023
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BIO EXPRESS
Née Yolanda
Christina GIGLIOTTI, au Caire (Egypte) le 17 janvier 1933, décédée à
Paris le 3 mai 1987. Enfance heureuse. Participe à un concours de
beauté à 18 ans. Devient mannequin et Miss Egypte en 1954. Tourne dans
quelques films et quitte l'Egypte pour Paris fin 1954. Elle rencontre
Lucien Morisse qui la lance dans la carrière. Premier disque et
premiers succès avec Bambino en 1956. Tournées internationales. Epouse
Morisse en 1961. Achète sa maison de la rue d'Orchampt à Paris en 1962.
Divorce de Morisse. Rencontre avec Luigi Tenco en 1966. Ce
dernier se suicide, tout comme Lucien Morisse quelques années plus
tard. Enchaîne les succès à la mode disco dans les années 70.
Passe beaucoup à la télé. Malheureuse en amour, elle s'acharne
dans le travail et tourne avec Chahine dans Le sixième jour, qui est un succès énorme. Mais épuisée, malheureuse, elle se donne la mort le 3 mai 1987.
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