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Nino Ferrer La dérision comme unique recours 1934-1998
 
Nino Ferrer est sans doute victime d'une des plus grandes injustices de l'histoire de la chanson. Systématiquement considéré comme un chanteur léger, aux textes insignifiants, il a fallu attendre sa mort tragique le 13 août 1998, pour que l'on prenne conscience de l'immensité de son talent. Alors, Ferrer artiste maudit ? Pourquoi pas, d'autant plus que son œuvre est celle d'un grand musicien, féru de jazz et de peinture. Et son écriture, à l'instar d'un Boby Lapointe, cache, sous son apparente frivolité, une immense sensibilité.

Premiers voyages

Né Agostino Ferrari à Gênes, en Italie, le 15 août 1934, Nino est le fils de parents franco-italiens. Son enfance est celle d'un voyageur. La Nouvelle-Calédonie, d'abord, où il vit jusqu'à l'âge de cinq ans, avant de retourner en Italie le temps que passe la guerre et ses turbulences. Dès 1947, les Ferrari s'installent à Paris, où Nino fait l'apprentissage de la vie. Dans ce Paris de l'après-guerre, berceau de tous les arts, il découvre le Jazz. Une effusion de sentiments s'empare de ce gamin de treize ans, fraîchement débarqué dans la Capitale ! Il apprend la guitare en 1955 et se commence à dessiner. Mais sa passion de la musique ne l'empêche pas d'être un élève assidu et précoce. Etudiant à la Sorbonne, il mène de front avec brio des études d'ethnologie, de préhistoire, et de philologie italienne.

Jeunesse parisienne

Dans les années cinquante, il cumule les expériences artistiques. Théâtre avec ses camarades d'étude, peinture, dessin, écriture, mais surtout il devient musicien dans les cabarets rive gauche de la Capitale. Il accompagne ainsi Richard Bennett ou la jeune Nancy Holloway, qui deviendra célèbre avec sa reprise de Warwick Don't make me over (T'en va pas comme ça). Ses premières chansons n'ont pas l'heur de plaire au tout-Paris. Las d'être dans l'ombre des artistes sur scène, il se lance alors, au début des années 60, en créant son propre groupe et en enregistrant son premier disque en 1963 Pour oublier qu'on s'est aimé . Si le titre n'a pas de succès, la face B, Un an d'amour , aura un destin tout autre. Adaptée en espagnol puis en italien, cette chanson connaîtra son heure de gloire en 1991 lorsque le réalisateur Pedro Almodovar l'utilisera pour son film Talons Aiguilles .

Mirza et Les cornichons

1965 voit débouler sur les ondes un véritable bijou de dérision et d'humour. Mirza est le premier d'une longue série de tubes de Nino Ferrer. La France découvre ce dandy nonchalant avec amusement, puis avec passion. Nino enchaîne avec Les cornichons, Oh hé hein bon, Le Téléfon, Alexandre, autant de titres qui marquent les années 60 par leur musicalité et l'originalité de leurs paroles. Assurément, Nino est un artiste à part. Il fait également quelques prestations au cinéma comme dans Laissez tirer les tireurs. Mais la machine s'enraille très vite. Le show-business est une planète étrange et cruelle, qui ne plaît pas à notre poète. Rapidement en froid avec le système et les médias, Ferrer préfère prendre ses distances et ne pas se laisser acheter. Sa volonté farouche de ne pas faire de concessions isole le chanteur de la grande famille artistique.

L'exil

Après un premier exil en Italie à la fin des années 60, Nino Ferrer trouve son pied-à-terre dans le Lot, près de la petite commune de Montcuq. Avec sa femme Kinou (Jacqueline Monestier qui décède en mars 2022), qu'il épousera en 1978, et avec laquelle il aura deux fils, Pierre (1973) et Arthur (1979), il s'installe dans une vieille demeure du 18 ème siècle et s'entoure de la quiétude qui fait son bonheur et son unicité. Il transforme sa maison en studio d'enregistrement (elle l'est toujours aujourd'hui). Là, loin de la cohue parisienne, il peint, il écrit, et compose, sans jamais perdre une once de talent. Pour preuve, les tubes que Nino continue de produire à rythme régulier : Je voudrais être noir en 1969, puis La maison près de la fontaine en 1972 et Le Sud en 1975. Si ces deux derniers titres s'opposent radicalement au style loufoque de ses précédents succès, le public continue injustement d'assimiler Ferrer au chanteur comique et libertin des Cornichons ou de Mirza . Cette étiquette tenace participe au mal-être du chanteur, qui souffre de plus en plus de n'être reconnu pour son talent musical ou pictural. Les idées toutes faites ont la vie dure.

Dernier essai

Sa dernière tentative de médiatisation, Nino la doit à Higelin, autre fou chantant, qui l'invite à participer à une tournée en 1979. Mais rien n'y fait. L'auteur du Sud ne souhaite pas poursuivre dans cette voie. Il se retire définitivement du show-business en 1983 pour vivre dans sa maison du Lot. Sa retraite durera dix ans, pendant lesquels l'artiste peint et compose. A la sortie de son exil, il enregistre en 1993 un superbe album La désabusion , pour lequel le public réagit plutôt bien. Avec le temps, Nino perd peu à peu cette image de trublion clownesque dont il voulait tant se débarrasser. Mais le mal est fait. Après la mort de sa mère en juillet 1998, la souffrance du chanteur atteint son paroxysme. Il se tire une balle en plein cœur, dans un champ près de sa maison du Lot. La France apprend avec stupeur le décès de cet artiste attachant le 13 août 1998. Depuis, il est enfin considéré, mais bien tard, à sa juste valeur.
 

Cet homme sensible, intelligent et droit, a toujours combattu la futilité du show-business pour se consacrer pleinement à l'expression artistique. Peinture, musique, écriture, ont accompagné la vie de Nino, et furent les vecteurs de son mal-être et de sa vision originale du monde. Malgré une apparente frivolité, les chansons de Ferrer ont un arrière-goût de gravité et de vérité. La jeune génération lui rend aujourd'hui hommage en enregistrant On dirait Nino, un album de reprises mené par La Grande Sophie, M, Cali ou encore Tété et Miossec.

SB octobre 2005-juillet 2023




BIO EXPRESS

Né Agostino Nino Ferrari,  à Gênes, en Italie le 15 août 1934. Décédé à Montcuq (Lot) le 13 août 1998. Passe une partie de son enfance en Nouvelle-Calédonie. S'installe à Paris en 1947. Apprend la guitare et le dessin à l'adolescence. Etudie l'ethnologie et la philologie à la Sorbonne. Devient musicien dans les cabarets et écrit ses premières chansons sans succès. Premier disque en 1963. Mirza en 1965 et succès énorme de ce titre. De nombreux tubes durant les années 1960 mais Ferrer se lasse du "showbiz" et s'éloigne peu à peu en Italie, puis dans le Lot (La Taillade près de Montcuq). Pierre, son premier fils, naît en septembre 1973. Naissance d'Arthur en février 1979. Epouse Kinou en 1978. Peint et continue d'écrire des chansons, dont certaines sont de véritables succès (Le Sud en 1975 par exemple). Se retire du métier en 1983. Finit par sortir un dernier album en 1993 La désabusion. Décès de sa mère et dépression du chanteur. Il met fin à ses jours près de sa maison en août 1998. Kinou meurt le 17 mars 2022.




 

Enregistrement public (1966) 11 titres dont Oh hé hein bon !, Je veux être noir, Mme Robert,...

Nino Ferrer 12 titres (1967) avec Mao et Moa, Le téléphon, Je cherche une petite fille,...

Nino Ferrer (appelé aussi Agata) 12 titres (1969) avec Agata, La rue Madureira, Mamadou Meme,...

Rats and roll (1970) 10 titres dont Pour oublier qu'on s'est aimés, Play boy scout,...

Métronomie (1971) 8 titres dont La maison près de la fontaine, Cannabis, Les enfants de la patrie,...

Nino Ferrer and Legs (1973) 8 titres dont Kinou, L'Angleterre, Na na song, La révolution,...

Nino and Radiah (1975) (avec Radiah Frye) 8 titres en anglais

Suite en oeuf (1976) 9 titres dont Moon, Les morceaux de fer, Chanson pour Nathalie,...

Véritables variétés verdâtres (1977) 9 titres dont Ah les américains !, Il pleut Bergère, Valentin, Mashed potatoes,...

Blanat (1979) 8 titres dont Bloody flamenco, Fallen angels,...

La Carmencita (1980) 9 titres dont Les cornichons, Je voudrais être noir,...

Ex libris (1982) 10 titres dont Rondeau, Micky Micky, Riz complet,...

Rock and roll cowboy (1983) 10 titres

13ème album (1986) 9 titres dont L'an 2000, New York 85,...

Che Fine Ha Fatto Nino Ferrer ? (1989) 12 titres en italien

La désabusion (1993) 11 titres dont Notre chère Russie, Le bonheur, ...

La vie chez les automobiles (1993) 10 titres

Concert chez Harry (1995) 17 titres enregistrés les 13 et 14 juin 1995 au Studio Harryson.

L'intégrale des enregistrements studio et live (2013) 206 titres en 14 CD.


Quelques ouvrages consacrés à Ferrer (liste non exhaustive).

La mélancolie de Nino par Franck Maubert aux éditions Scali 2005

Nino Ferrer un homme libre d'Henry Chartier aux éditions le mot et le reste 2018 256 pages.
À partir des interviews données par Nino Ferrer, de rencontres avec sa famille et certains témoins essentiels, cet ouvrage retrace le parcours d’un homme libre et replace son œuvre dans la grande histoire de la pop music, au-delà de ses tubes.

Nino Ferrer du noir au sud par Christophe Conte et Joseph Conte aux éditions n°1. 2005.
Quel Nino Ferrer l'emporte sur les autres? L'aristocrate ayant épousé la plus roturière des vocations, celle de chanteur saltimbanque? L'amoureux de jazz et d'ethnologie? Le rital déraciné, devenu caldoche puis gosse du XVIe? Le peintre tardif de toiles érotico-surréalistes? Le dandy cinoque, un poil cynique, qui faisait se gondoler la France à coup de Téléfon, de Cornichons, de Oh! Hé! Hein! Bon!? L'amateur de belles cylindrées qui avait la frousse de l'avion? L'homme à femmes qui deviendra assez vite celui d'une seule?...


Nino Ferrer par Philippe Jelmoni, Pierre Crooks. Illustrations par Frédéric Le Fahler. Avec un CD. 2023 aux éditions Balivernes.
Comment sont nées « Le Telefon » (avec Gaston), « Le roi d’Angleterre », « Alexandre », « Les cornichons » et plusieurs autres ? Les anecdotes illustrées vous conteront la petite histoire des ces classiques indémodables créés au fil de sa vie par Nino Ferrer.  Et dans le cd, vous aurez le plaisir de redécouvrir ces chansons réinterprétées par ‘La bande à Gaston’ avec en invités Emma Daumas, Adrienne Pauly, Ignatus, Klaus Blasquiz, Merlot, Émilie Anne Charlotte, Benoit Dorémus, Michel Winogradoff, Luc Alenvers, Erwan Roux.


Nino Ferrer c'est irréparable par Henry Chartier aux éditions Au bord de l'eau. 2007 176 pages.


https://www.francetvinfo.fr/culture/musique/chanson-francaise/vingt-ans-apres-l-esprit-de-nino-ferrer-plane-toujours-sur-son-village-du-lot_3279585.html
https://musique.rfi.fr/artiste/chanson/nino-ferrer
https://www.discogs.com/fr/artist/98874-Nino-Ferrer
https://fr.wikipedia.org/wiki/Nino_Ferrer
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/french-collection/french-collection-du-samedi-13-aout-2022-1513529
https://www.ladepeche.fr/2022/03/17/le-lot-en-deuil-avec-la-disparition-de-kinou-ferrari-lepouse-de-nino-ferrer-10177075.php
https://www.nostalgie.fr/artistes/nino-ferrer/albums
https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/nino-ferrer-ne-repond-plus-14-08-1998-2000202248.php

Première mis en ligne le 19 mars 2001. Version 8 mise en ligne le 27 octobre 2007 . Dernière MAJ juillet 2023
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