Avril 2006 : à l'écoute de Dans d'beaux draps, le troisième album du groupe Karpatt, on a du mal à croire que le combo parisien n'a que quatre ans d'existence. Car avec Le bar du silence, Histoire de famille, Les canards en plastique ou encore Fan de maman, le public découvre un univers familier, vieux de plusieurs siècles.
C'est en effet l'histoire des hommes que Karpatt nous dévoile. Pas ceux
d'une société inaccessible qui aurait fait une croix sur sa populasse.
Non, mais les hommes du peuple, ceux des bonheurs simples, des jardins
ouvriers, des amoureux transis, des ruelles parisiennes, des enfants
aux genous mercure au chrome, des vieux, des chiens, des bistrots,....
Karpatt raconte le monde de Doisneau, de Carné, de Piaf,... à la manière des Ogres de Barback ou de La rue Ketanou.
Pas étonnant qu'on semble y croiser, aux détours des chansons, la
Pepette de Renaud (La shampouineuse), Les vieux de Brel (Les vieilles)
ou l'univers singulier de Brassens (d'ailleurs Fred Rollat est originaire de Sète). Et pourtant Karpatt, grâce à
l'écriture toute en finesse de Fred Rollat, c'est aussi un regard à la
Alexis HK, un air de Jazz Manouche si cher à Sanseverino, et des
histoires d'amour, de rire ou de jeux.
Jeux de mots assurément (Le chat de l'aiguille). Jeux de sons aussi.
Comme si le trio parisien s'était amusé à peinturlurer notre société
avec de vieux pinceaux enfouis au fond de leur mémoire acoustique. Le
résultat est surprenant, envoutant. Croyez-moi, on ne se débarasse pas
de Dans d'beaux draps
si facilement. Scotché à ses quinze titres, l'auditeur finit par
comprendre que malgré toutes ses teintes familières, Karpatt ne
ressemble qu'à... Karpatt. Et on en redemande.
Une histoire.
Le
groupe Karpatt naît en 1994 à Paris autour des sétois d'origine Fred et
Olivier Rollat et de Julien Barthelemy. Fred n'est pas un débutant.
Alors qu'il écrit ses premiers textes en 1983 et apprend la musique au
conservatoire d'Aulnay-sous-Bois, il participe pendant quatre ans à la
formation Yan et les abeilles (de
1990 à 1994), avant de former Karpatt, du nom des Carpates, ces
montagnes de l'Est qui les fascinent. Le voyage, l'universalité de la
musique, étaient déjà dans leur ADN. Gaétan Lerat et Hervé Jégousso
remplacent Olivier et Julien en 2001 et Karpatt prend sa forme
définitive. Les trois comparses écrivent, composent et jouent sur scène
leurs premières chansons, les rôdant pendant des années à travers le
pays.
En découle un premier album qui sort en 2002, A l'ombre du ficus.
Puis les titres s'enchaînent, avec une notoriété grandissante, dûe à
l'énergie dégagée par le trio aussi bien sur scène que dans leur
musique. La rencontre du public, le partage, sont le smoteurs de
Karpatt. Les albums s'enchaînent et les tournées se font
internationales : les pays de l'Est, mais aussi l'Asie, l'Afrique,
l'Amérique du Sud... A chaque fois, le groupe s'enrichit, prend dans
chaque pays traversé une note, un instrument, un message. Karpatt
s'universalise et sa musique devient tour de Babel.
Le double live A droite à gauche
sorti en 2010 témoigne de cet engouement pour la formation. Si le
groupe n'accède pas aux hautes sphères de la médiatisation, il n'en
reste pas moins de plus en plus populaire et en contact avec leur
public. Les festivals et les tournées défilent au rythme des
albums jusqu'au dernier en date, En escale, sorti le 31 mars 2023.
Fidèle à ses convictions, Karpatt nous invite à nous ouvrir au monde.
SB 2006-2023
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