Avec un tel
nom, difficile pour les trois garçons de La Rue Ketanou de dissimuler
leur goût prononcé pour la chanson populaire et réaliste.
Et leur musique sonne en effet comme du Fréhel ou du Piaf, assaisonnée
à la mode tzigane. Rien de plus naturel pour ces drôles de
lascars qui, après une longue période à arpenter
les trottoirs et les bars, assurent, depuis 1998, la relève de
la nouvelle chanson française.
La Rue Ketanou,
c’est l’histoire de jeunes artistes, Mourad Musset, Olivier
Leite, et Florent Vintrigner, tous trois issus du théâtre.
Ces parisiens se rencontrent en 1996 au sein de la troupe le Théâtre
du Fil. Ensemble, ils partagent la passion de la comédie, du voyage,
et de la rencontre avec le public. Tous les publics. A cette époque,
Mourad et Olivier cherchent déjà d’autres moyens d’expression
et sillonnent la Bretagne, instruments à l’épaule.
Au son de l’accordéon et de la guitare, ils chantent leurs
premières chansonnettes à un public de bistrots et de rue.
Lorsque
les deux comparses retrouvent la capitale, ils quittent le Théâtre
du Fil pour exercer définitivement leur talent de chanteurs sous
le nom de Mektoub. Plus attirés par le pavé que
par la scène, ils présentent leur premier spectacle parisien,
écrit pour trois personnages. Celui-ci allie chant et comédie,
selon la plus pure tradition des saltimbanques. C’est aussi à
cette époque qu’ils s’adjoignent les services
Florent et trouvent leur nouveau nom de scène, issu d’une
de leur devise : « Nous ne sommes pas à la rue, c’est
la rue qu’est à nous ».
Le
nouveau trio rodent son spectacle dans les rues de La Rochelle, berceau
des Francofolies de Jean-Louis
Foulquier, et traînent leur « street art » dans tous
les cafés, pour tous les passants. Une façon ancestrale
et émouvante de toucher le cœur des gens à la source.
Et ça marche. Au contact direct du public, mais aussi d’autres
artistes, La Rue Ketanou grossit son carnet d’adresse : de Loïc
Lantoine à Allain Leprest, du groupe Tryo à
Dikès (lui aussi issu du Théâtre du Fil),
l’aventure du groupe est avant tout humaine. Leurs chansons se font
l’écho de cette quête de l’autre et de leur amour
profond pour la race humaine. Habitués aux voyages, leur carrière
naissante les mène de Paris à New-York, en passant par le
Portugal, l’Irlande ou le Canada. Mais c’est toujours dans
la rue ou les petits troquets qu’ils s’émancipent.
Un groupe qui se révèle sur scène (photo site officiel).
Retour
à la case Tryo : le célèbre groupe français
de reggae est séduit par les Ketanou et leur offre, en guise
d’amitié, la première partie de leur tournée
en 2000. Une tournée qui mènera les trois parisiens
jusqu’à la scène de l’Olympia.
Une amitié qui leur permettra aussi d’enregistrer un
premier album en février 2001 En attendant les caravanes.
Un album qui se vend à plus de 25 000 exemplaires !
Dès
lors, plus rien ne les arrête. De festivals en petites salles, ils
assurent une promotion de bouche à oreille, distillant la bonne
humeur et la simplicité partout où ils passent. Leurs chansons,
colorées de « rock-acoustico-tzigan », parle de la
vie, de la mort, et des rapports humains, sans jugement ni grand discours.
Un langage de rue, pour une musique de rue, mais des mots touchants, drôles
et tendres à la fois.
Dans
la lancée, les trois amis enregistrent leur deuxième album,
Y a des cigales dans la fourmilière,
qui sort en 2002 et rencontre un succès flatteur. Paralèllement, ces
éternels troubadours voyageurs promènent leurs accordéons aux quatre
coins de l’Hexagone et s'éparpillent en aventures (théâtre, cinéma,
autres groupes comme Mon côté punk). Copains de bars, grands frères
nocturnes, ils gardent la tête sur les épaules et trimbalent une image
éminemment sympathique.
Ils
enregistrent régulièrement des albums et partent en tournée où
l'essence même de leur art se cristallise. En 2017, le trio devient
quatuor avec l'arrivé de Pierre Luquet. Deux albums en 2020 (2020) et 2021 (A cru)
témoignent de l'énergie créatrice du groupe. Depuis 1998, la Rue
Ketanou contribue à ce vent de fraîcheur dans la chanson francophone et
y apporte une note de poésie.
SB 2003-2023
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