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   Saez    Un vent de révolte.... 1977-
 

Alors qu'en ce début des années 2000 on ne jure plus que par la « nouvelle chanson française », celle des Delerm, Sanseverino, Bénabar, Kerenn Ann ou autre Benjamin Biolay, Damien Saez fait figure d’extra-terrestre. Quand ses confrères use avec finesse et délectation du piano (Delerm) ou de l’accordéon (Sanseverino), le jeune Saez explose tout à grands coups de guitares saturées et de textes révoltés. Héritier de Rimbaud (pour la jeunesse) des Sex Pistols (pour la rage) ou de Noir Désir (pour le rythme), cette révélation sait marier avec culot et arrogance sa révolte post-adolescente avec une inspiration musicale toute britannique.

A l’écoute de Jeune et con, J’veux du nucléaire ou Fils de France, on s’étonne, dès ses débuts, de la clairvoyance de « ce gamin » à la voix adolescente et aux textes rageurs. Lucide ou désespéré ? Le jeune homme a pourtant une enfance relativement tranquille. Né à St Jean de Maurienne, en Savoie, le 1er août 1977, il part vivre à Marseille jusqu'au divorce de ses parents en 1981. Puis direction Dijon, avec sa mère, son beau-père et ses deux jeunes frères. La famille recomposée s’y installe vers la moitié des années 80. Sa mère est éducatrice pour adolescents en difficulté. Elle laisse son fils faire des choix, tout en l’orientant vers la culture et le savoir. Ainsi Damien rentre-t-il au Conservatoire de Dijon dès l’âge de huit ans pour apprendre le piano, instrument classique s’il en est, qu’il abandonne à l’adolescence pour la guitare, plus en phase avec ses idoles du moment : Pink Floyd, Noir Désir, U2, Blur, Led Zeppelin ou …Brassens.

Le déclic n’est pas musical mais littéraire, lorsque le jeune homme rentre en classe de première et fait la connaissance d’un professeur de français atypique. Ce dernier lui inculque le plaisir des mots, de la lecture et de l’écriture. Dès lors, Damien s’évertue à faire coïncider sa musique avec ses mots. Ses premières compositions datent de cette époque, fortement influencées par ses écoutes musicales et la lecture des poètes. Ses goûts musicaux évoluent également vers la chanson française à textes (Brel, Ferré, Barbara,...). Mais Dijon n’est pas ville à plaire au jeune rebelle : le voilà en route pour Paris en 1995, quelques cassettes pour bagages et son bac S en poche, bien décidé à faire parler de lui.

Pari réussi lorsqu’il signe très rapidement chez Island et rencontre Markus Bell (guitariste et réalisateur). Les deux hommes tombent en harmonie et produisent le premier album de Saez en 1999, Jours étranges, après sept mois d’enregistrement, une première partie du concert de Massive Attack, et l’aide financière d’un certain William Sheller… Cet album, dont le titre est inspiré par le Strange days des Doors, surprend d’emblée par la teneur de ses textes et la maturité musicale de chacun des titres. Mi-ange mi-démon, le jeune homme crache son mal-être sans fard ni paillettes. Dans son vocabulaire emprunté au romantisme noir, les mots « mort, fin, sexe, sang, révolte, violence » côtoient une analyse fine de notre société et de l’évolution des hommes. Cet étrange contraste entre sa jeunesse arrogante et sa conscience d’adulte font de lui une révélation. Jeune et con, le premier extrait de l’album est soutenu par toutes les radios et passe en boucle sur les chaînes musicales (dont M6 en France ou MCM).

Saez dérange et alimente les conversations. Encensé par le public, notamment durant sa première tournée en 2000 qui le mène dans toute l’Europe (Belgique, Suisse, France,…), acclamé par la critique, les comparatifs vont bon train : Lou reed, Jim Morisson, Hendrix, Rimbaud, Cantat (de Noir Désir),… le jeune écorché est déjà une star dérangeante et agressive. Tout ce qu’il faut pour faire décoller les ventes de son disque, qui passent rapidement la barre des 250 000 exemplaires !
Loin de se reposer sur ses lauriers, Saez a encore beaucoup à dire. Sans tarder, il rentre en studio pour enregistrer un double album racé et brillant (God Blesse/Katagena) qui sort en mars 2002, juste après la parution d’un recueil de textes anciens et nouveaux : A ton nom. Loin d’être « jeune et con », le chanteur fédère autour de lui une jeunesse révoltée et ouverte au monde. Celle-ci prend appui sur son nouveau leader pour crier ses colères. Au lendemain du premier tour des élections présidentielles 2002 en France, alors que le candidat d’extrême droite JM Le Pen obtient le second score, plongeant toute l’Europe dans la stupeur, Saez rentre en studio et écrit puis enregistre dans l’urgence en quelques heures Fils de France, faisant écho à la réaction de toute une génération. Sa notoriété grandissante traverse les frontières lorsque le réalisateur Brian De Palma le sollicite pour la bande originale de son film Femme fatale. Ce sera le titre Sexe qui figurera dans le film, offrant à Saez un nouveau média de diffusion de son oeuvre.

Debbie, troisième album du jeune prodige, sort en 2004 et est suivi d'une série de concerts sous différents formats, dont un piano-voix en 2005. Sur scène, le chanteur fédère un public de plus en plus nombreux, venu assister à une prestation de qualité. Malgré les nombreuses prestations scéniques dans toute la France, Saez reste un auteur prolifique et généreux, n'hésitant pas à offrir gratuitement sur Internet des titres inédits. Chacune de ses créations est attendue avec imptaience par le public qui en trouve pour son compte. En 2008, ce ne sont pas moins de trois albums qui sortent sous l'intitulé Varsovie-L'Alhambra-Paris, avec un total de vingt-neuf titres. L'écriture du chanteur, poétique et engagée (même s'il se défend de ce terme) prouve, si besoin en est, l'excellence de son travail. Quelques mois plus tard (printemps 2009), Saez tente une expérience entièrement anglaise avec l'album A lovers prayer, sorti sous le pseudonyme de Yellow tricycle.

Toujours en révolte contre la société de consommation et le système politique, le jeune homme continue de mettre en avant ses révoltes dès que l'occasion s'en présente. Mais sa colère ne plaît pas à tout le monde, et il est rapidement victime de censure de la part des institutions. La RATP empêche notamment la diffusion dans le métro des affiches promotionnelles de son nouvel album J'accuse (en référence à Zola) en 2010, dont l'affiche représente une femme nue dans un chariot de supermarché. A travers cette photographie, réalisée par Jean-Baptiste Mondino, l'artiste souhaitait dénoncer la marchandisation à outrance du corps des femmes. Mais les réactions d'opposition à son oeuvre ne font que renforcer ses convictions. Le public le reconnaît et le plébiscite. Il est ainsi nommé pour la troisième fois aux Victoires de la Musique en 2011.
Les années 2010 sont à la fois une période de très grande production artistique et de lente déchéance. Côté création, Saez continue de produire des titres par dizaines, suivis de concerts, d'enregistrements, de diffusion sur Internet. Côté santé, le chanteur avoue ses addictions (alcool, tabac) qui nuisent à sa productivité et à la tenue de ses concerts (certains seront annulés ou reportés). De plus, sa vision humaniste du monde de la musique (il est extrêmement critique vis-à-vis des plateformes de streaming et leur mercantilisme) lui font essayer de nouvelles formes de diffusion, avec plus ou moins de succès. A travers un nouveau site internet, il propose en 2016 un concept artistique nommé Le manifeste, composé de concerts, d'albums, de photos, de textes,... projet qui prendra fin en 2019 avec la dernière parution Le manifeste 2016-2019 Ni Dieu ni maître. Toujours engagé, Saez sort un mini-album Telegram en 2022, en réaction à la guerre en Ukraine.

Mais la sortie de ses disques masquent difficilement les difficultés que rencontre le chanteur : problèmes de santé, et surtout d'argent, dont il ne se cache pas en accordant plusieurs entrevues dans les médias, révélant quinze ans de dettes et expliquant le prix exorbitant de ses dernières tournées (plus de cent euros la place). Lors d'un concert en juillet 2023 à Nîmes, on le voit fatigué, bouffi par l'alcool (il avoue boire trois bouteilles de whisky par soir), effectuant sa prestation scénique affalé sur un immense canapé sur scène. Mais le coeur y est et l'artiste continue son travail d'artisan de la chanson. Dernier projet en cours : Apocalypse, une oeuvre triple album qu'il souhaite diffuser en "pay per listen" en juillet 2024. Le concet est clair : entre juillet 2023 et juillet 2024, Saez propose une souscription d'au moins cent euros qui donnent droit à un concert en direct sur les réseaux. L'artiste annonce la couleur : 

"Cette séance n’aura lieu qu’à partir du moment où le nombre de personnes inscrites correspondra au coût de la production du disque. Une fois le nombre de participants atteint, nous fixerons la date dans les jours ou proches semaines qui suivront car l’œuvre est déjà terminée,  et c’est une œuvre “Messinesque”…  Cette séance sera une véritable diffusion audio, pas une liste de pistes sur lesquelles on fait play ou pause. Une véritable écoute ininterrompue d’un voyage de trois heures."

Il annonce enfin que si les souscriptions ne sont pas suffisantes, il relèguera son oeuvre aux oubliettes et prendra sa retraite. Une menace ou un compte à rebours ?

SB avril 2003-juillet 2023

Photo Eric Bulliard

BIO EXPRESS

Né Damien Saez le 1er août 1977 à St Jean de Maurienne (Savoie). Enfance dans le Sud-Est de la France puis déménage à Dijon. Piano au Conservatoire, puis bac scientifique. Part à Paris en 1995. Premier album Jours étranges en 1999. Immense succès de Jeune et con. Réagit après les élections présidentielles de 2002 avec Fils de France. Enchaîne les albums, les tournées, les écrits, sans jamais faire de concession. Rencontre des problèmes de santé et d'addictions dans les années 2010. Propose son projet Apocalypse en "pay per listen" en 2023.




 

Jours étranges 12 titres (premier album) octobre 1999

Jeune et con (single) avril 2000
Sauver cette étoile
(single) octobre 2000

God Blesse/Katagena (double album) mars 2002 16 + 13 titres

Sexe (single) mai 2002
Femme fatale
(BO du film de Brian de Palma) Damien y interprète Sexe

Debbie (troisième album sorti le 31 août 2004) 11 titres + plage DVD sur l'édition collector

Participation au bel hommage à Brassens, Les oiseaux de passage, dans lequel Saez chante La prière

Varsovie L'Alhambra Paris (triple album) 29 titres sortis en avril 2008.

A lovers prayer (en anglais) album publié sou sle nom de Yellow tricycle en 2009.

J'accuse mars 2012 14 titres

Messina (triple album avec les albums Les échoués, Sur les quais et Messine). septembre 2012

Miami 10 titres sortis en 2013

L'oiseau liberté sorti en décembre 2016 (double disque) début de Le manifeste

Lulu sorti en mars 2017 (suite de Le manifeste)

#Humanité 11 titres sortis en novembre 2018

Le Manifeste 2016-2019 (quadruple album) sorti en novembre 2019

Telegram sorti en décembre 2022. Cet album est une réaction à la guerre en Ukraine.

Apocalypse (projet en "pay per listen") juillet 2023- juillet 2024 ? cf. https://apocalypse.saez.mu/






A ton nom par Saez aux éditions Actes Sud 2001
En moins d'un an, avec un seul et premier album vendu à plus de deux cent mille exemplaires, Damien Saez — vingt-quatre ans, auteur-compositeur, chanteur du groupe Saez — est devenu l'une des voix les plus écoutées des adolescents. Ses textes se font l'écho de la solitude et de la révolte de toute une génération privée d'idéologie et de rêves.
Ce livre de Damien Saez contient les paroles inédites de quelques-unes des chansons de son prochain album.

Damien Saez à corps et à cris par Romain Lejeune aux éditions Braquage 2014.
Damien Saez à corps et à cris est la première biographie consacrée à l'auteur de Jeune et Con. Entre anecdotes, voyages et confidences, ce livre dévoile les 1000 visages d'un artiste secret.


Insaezissable par Romain Lejeune 2018 aux éditions Braquage.
Après Damien SAEZ à corps et à cris (2014), INSAEZISSABLE sonne comme une évidence. Incisif, le livre dévoile les coulisses d’une enquête biographique menée sur le long cours, pour mieux saisir l’insaissisable. Mis en relief à travers le prisme d’une génération magnifique qui suit le chanteur depuis 1999, l’ouvrage traverse les époques et donne à réfléchir sur le rapport au monde, à l’autre et à soi-même.



https://www.saezlive.net/news
https://apocalypse.saez.mu/
http://menacesmaislibres.com/discographie/
https://musique.rfi.fr/artiste-rock-saez
https://fr.wikipedia.org/wiki/Damien_Saez
https://www.discogs.com/fr/artist/157476-Saez
https://www.closermag.fr/people/hospitalisation-alcool-damien-saez-se-confie-sans-tabou-sur-son-etat-de-sante-1063555#item=1
https://www.voici.fr/news-people/damien-saez-endette-depuis-15-ans-le-chanteur-transparent-sur-sa-situation-financiere-746139
https://www.chartsinfrance.net/Saez/news-123526.html
https://www.telerama.fr/musique/damien-saez-nous-sommes-coinces-entre-culture-et-consommation,89761.php
https://www.universalmusic.fr/artistes/20000333419
http://damisaez.chez.com/best.html
https://www.facebook.com/damiensaez
https://www.nrj.fr/artistes/damien-saez/biographie
https://www.journaldesfemmes.fr/people/actus/2877093-damien-saez-endette-le-chanteur-justifie-le-prix-eleve-de-ses-places-de-concert/
http://www.bloglagruyere.ch/2013/03/27/saez-dans-les-bas-fonds-dune-societe-malade/
https://www.slate.fr/story/170778/discographie-damien-saez-chanson-francaise-rock-rapport-medias-industrie-disque



Première mis en ligne le 19 mars 2001. Version 8 mise en ligne le 27 octobre 2007 . Dernière MAJ juillet 2023
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