Synonyme d'un changement radical de style, Kent est passé en quelques années du Rock-Punk des Starshooter à une
chanson française multicolore, où se côtoient guitares, accordéons, et
instruments orientaux. Tout d'abord rebelle, puis poète (et les deux à la fois), celui qui sait
mener de front ses carrières de chanteur, musicien, romancier, auteur
de bandes dessinées, reste avant tout un tendre troubadour, secret et
discret.
L'enfance d'un " gone "
Né
dans le quartier lyonnais de la Croix-Rousse, le jeune Hervé vit dans
l'Ain, tout près de Lyon, avec ses parents ouvriers. Tout tourne autour
de l'usine de cartonnage, dans laquelle le jeune Hervé travaillera lui
aussi. Alors qu'il a huit ans, ses parents divorcent. Il part vivre
dans le quartier de la Croix Rousse à Lyon avec sa mère, et découvre la
musique en recevant sa première guitare à quatorze ans. Parallèlement,
il dévore magasines et bandes dessinées et acquiert un certain talent
dans le dessin. C'est au lycée qu'il fonde ensuite son premier groupe Starshooter avec des camarades de classe. En peu
de temps, le groupe se fait remarquer par son rock progressif décapant.
En 1977, il font la première partie du concert d'Higelin
à Grenoble.
Le déclic
Devant le succès rencontré, le groupe enregistre un premier
album dès 1978. Pour l'occasion, Hervé se fait appeler Kent
Hutchinson, surnom qu'il transformera plus tard, en 1983, en
Kent Cockenstock (en hommage à Tintin). Starshooter survivra
quatre ans au succès. En 1982, le groupe explose, sous la pression
d'un "show-biz " auquel ces enfants du punk ne voulaient adhérer. C'est
le début de la carrière solo de Kent. Celle-ci commence plutôt
mal. Le chanteur tente de reproduire en solo (son premier 45 tours, Partout
c'est la merde, sort en 1982) l'esprit du groupe. Mais ça ne
marche pas.
Auteur de B.D.
Kent doit sa subsistance artistique à la Bande Dessinée,
qu'il pratique avec ferveur depuis 1976, quand Dionnet publia une
de ses planches dans le magasine Métal Hurlant. Puis son premier
album dessiné sort en 1982, et lui permet de trouver une alternative
à l'insuccès provisoire de sa carrière musicale. Il vit une période difficile.
Le karaté, qu'il pratique à un haut niveau, l'aide aussi à s'en sortir.
Malgré un album solo en 1983 et quelques 45 tours, son travail
s'oriente plus sérieusement vers le dessin. Kent se fait peu à
peu un nom, passant allégrement d'un art à l'autre, publiant également
quelques romans. Puis il entreprend de voyager, au Cameroun tout d'abord,
dont il s'inspire pour son second disque Embalao, puis en France.
Il quitte ainsi Lyon pour la capitale Paris en 1988. Ce déménagement
est aussi un nouveau départ. Il décide d'arrêter la B.D. en 1986
et de se consacrer exclusivement à la musique et à l'écriture.
Evolution
Au fil des années, la musique de Kent se personnalise,
acquérant un style bien à part, entre musette et nostalgie. Son album
A nos amours en 1990 marque le début d'une reconnaissance.
Puis Tous les hommes s'impose comme un disque riche et intelligent.
On commence à retrouver le nom de Kent sur d'autres albums (Johnny
Hallyday, Hervé Paul, plus tard il écrira aussi pour Enrico Macias…) et le chanteur passe de scènes en scènes
avec succès (Café de la Danse, Olympia,
Fête de l'Huma, Francofolies de Montréal, La Cigale,…). Mais paradoxalement,
le plus grand succès de Kent ne sera pas une des chansons qu'il
interprète : Juste quelqu'un de bien, écrite pour la chanteuse
Enzo Enzo est un tube immense en 1994. Elle passe sur toutes
les radios, obtient une Victoire de la Musique en 1995, et confirme
le talent de son auteur compositeur.
Septième art
Après avoir passé un cap dans sa vie privée (il est papa
en 1995) et professionnelle (notamment grâce au succès de Juste
quelqu'un de bien), Kent s'essaie au cinéma dans le film de
Diane Bertrand Un samedi soir sur la terre. Son album Nouba
en 1996 est aussi un grand succès et la tournée qui suit permet
au public toujours plus nombreux de s'attacher à cet artiste sensible
et drôle. En 1998, on le retrouve sur scène, mais cette fois pour
un spectacle minimaliste, accompagné d'Enzo Enzo, Enfin seuls.
Son album Cyclone, sorti fin 2000, prouve encore
une fois la multitude de talents du lyonnais.
Durents
les années 2000, le chanteur ne cesse de travailler, en studio, en
concert, en écrivant, romans, BD, ou chansons pour d'autres artistes.
Il est intarissable et indispensable. Un des fruits de son travail
acharné sort en 2008. Un livre-cd concept intitulé L'homme de Mars.
Puis après un album où interviennent d'autres artistes (Arthur H, Dominique A dans Panorama
en 2010) Kent part en Chine pour une série de concerts dont il tirera
également un album. L'occasion de créer la collection Intime collection
au sein de laquelle il offrira régulièrement au public des disques
inédits, des concerts, des enregistrements studios. Made in China est
le premier volume de cette collection.
L'intégrale.
En
2015 sort l'intégrale de ses albums studio (14 CD) de 1982 à 2013 (sans
Starshooter). Mais rien n'arrête Kent qui continue ses multiples
activités et publie régulièrement de nombreuses oeuvres. Le dernier
album en date, Scherzando expresse sort en 2022. Le lyonnais s'est
imposé comme un chanteur-auteur-compositeur-romancier-auteur
de BD unique en son genre, tant son monde bigarré nous rapproche de
la joie simple, chaleureuse, et de l'humanité. Un homme haut en couleurs.
SB 2001-2023
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Photo par Stéphane Hervé (2014)
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BIO EXPRESS
Né
Hervé Despesse à Lyon (Rhône) le 31 mars 1957. Divorce de ses parents
lorsqu'il a huit ans. Retourne à Lyon avec sa mère. Première guitare à
quatorze ans. Découvre lalittérature et la BD. Premier groupe au lycée
: Starshooter. Première partie d'un concert d'Higelin en 1977. Premier
album en 1978. Publie dans Metal Hurlant ses planches. Carrière
musicale solo dès 1982. Voyages dans le mond et en retire chansons et
romans. Succès grandissant. Tube Quelqu'un de bien pour Enzo Enzo en
1994. Bref passage au cinéma. Enchaîne les albums et ouvrages.
Participe aussi à des BD sur l'écologie. Intégrale en 2015.
Dernier album en date en 2022.
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Photo par Serge Van Poucke (1986).
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