Mouloudji Un artiste à tout-faire engagé et méconnu 1922-1994
Mouloudji évoque tour à tour l'homme engagé, le chanteur, le comédien, l'interprète d'Un jour tu verras, Le déserteur, L'amour l'amour l'amour ou encore de Comme un p'tit coquelicot.
L'homme a mené une longue carrière à l'ombre des Reggiani ou des
Montand dont il était pourtant leur égal. A l'occasion des cent ans
qu'il aurait eu en 2022, le chanteur revient sur le devant de la scène
et le public reconnaît son talent et la longévité de son oeuvre.
Marcel Mouloudji naît à Paris d'un père algérien maçon, Saïd, et d'une
bretonne catholique très pratiquante, Eugénie Roux. Avec son frère
André, ils mènent une enfance pauvre marquée par un événement
dramatique. L'internement de leur mère en 1934 alors que Marcel n'a que
douze ans. Eugénie est atteinte de démence, liée en partie à son
alcoolisme, et la jeune femme est hospitalisée. Le père élève ses deux
garçons comme il le peut, et les mène souvent dans les meetings du
Parti Communiste dont il est militant. Les deux frères participent à
différentes organisations des jeunesses communistes (dont les Pionniers
rouges). Alors qu'il effectue différents petits boulots pour survivre
(vendeur de journaux notamment), le jeune Marcel est repéré pour
participer à un film sur Ménilmontant. Il commence à chanter et à
prendre goût à ce monde artistique. Dès l'âge de treize ans, il se
lance dans le théâtre et fait des rencontres importantes, comme celle
du comédien Jean-Louis Barrault.
Après un premier spectacle, il participe durant les événements de 1936
à des représentations théâtrales dans les usines. La même année, il met
un pied dans le cinéma avec Marcel Carné dans Jenny.
Plusieurs rôles lui permettent d'acquérir une certaine notoriété et
alors que la seconde guerre mondiale est déclenchée, il est un jeune
artiste déjà renommé. Fuyant la guerre, il s'installe quelques temps à
Marseille, puis revient à Paris où il se produit en tant que chanteur
au Boeuf sur le toit ou dans d'autres
cabarets. Il fréquente les artistes de St Germain des Prés (dont Sartre
et Beauvoir) et se met à l'écriture en publiant son premier ouvrage en
1942 Enrico. Puis il fait la
connaissance de Louise dite Lola, qu'il épouse en 1943. Sans jamais
arrêter de travailler, Mouloudji multiplie les expériences artistiques
: avec le cinéma (il tourne avec Christian-Jacque, Jean Delannoy ou
André Cayatte), le théâtre et la chanson, il se met à la peinture. Mais
c'est en reprenant les textes de Boris Vian
ou de Jacques Prévert que sa carrière de chanteur prend son envol dès
la fin des années 40. Il finit par enregistrer son premier disque en
1951 et se produit à Bobino. Le succès arrive avec Comme un p'tit coquelicot en 1952 puis Un jour tu verras en 1954. Il interprète aussi des titres comme Barbara, Mon pote le gitan, Les feuilles mortes, Si tu t'imagines (certains de ces titres seront aussi chantés par Montand, Barbara et Greco entre autres). En 1954, le jour de la chute de Dien Bien Phu, il interprète le titre sulfureux de Vian : Le déserteur (il
existe une version édulcorée de ce titre qui remplace Monsieur le
Président par Messieurs que l'on dit grands et le dernier couplet). Sa
chanson est censurée par le pouvoir et lui vaudra quelque disgrâce.
Dans Jusqu'au dernier en 1957.
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Avec Piccoli dans Rafles sur la ville en 1958.
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Il alterne encore cinéma et chanson et se produit dans les salles
parisiennes. En 1960, il devient père de Grégory, son premier enfant.
Il met alors le cinéma entre parenthèses, et ses derniers rôles datent
du début des années 1960. Désormais, la chanson occupe toute sa vie
artistique. Il devient père pour la deuxième fois en 1967 avec la
naissance d'Annabelle.
Mais le succès le fuit peu à peu, en partie dû à ses prises de position
militantes : il chante dans les usines en mai 68, puis enregistre des
chansons de Résistance, se positionne pour Mitterrand lors des
élections 1974. Ses enregistrements se vendent de moins en moins il
traverse les années 1970 sans prendre la place qu'il mérite. La jeune
génération occupe le devant de la scène et Mouloudji est relégué en
arrière-plan. Dès les années 1980, il se consacre davantage à
l'écriture et la peinture. Il publie ses mémoires, se produit encore
sur quelques scènes et enregistre en 1992 un
dernier album qui ne verra jamais le jour. Il meurt le 14 juin 1994 à
Neuilly-sur-Seine, près de Paris. A l'occasion des cent ans de sa
naissance en 2022, sous la houlette de ses enfants Grégory et
Annabelle, les hommages se multiplient : émissions télévisées, radio,
rééditions, coffrets. Histoire de rendre justice à cet artiste unique
et engagé, trop longtemps laissé de côté.
SB 2023
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BIO EXPRESS
Né
Marcel Mouloudji le 16 septembre 1922 à Paris, dans le IVème
arrondissement d'un père algérien et d'une mère bretonne. Débute à onze
ans en apparaissant dans un film. Tourne plusieurs films, se met à la
chanson avant la guerre. Premier enregistrement en 1951. Mène de front
carrière cinématographique et musicale. Se met aussi à la peinture et à
l'écriture. Le Déserteur en 1954. Naissance de son fils gregory
en 1960, de sa fille Annabelle en 1967. Arrête le cinéma. Se consacré à
la chanson, puis à l'écriture et la peinture dès les années 80.
Quelques apparitions sur scène, un dernier album puis il meurt en 1994.
Il aurait eu cent ans en 2022.
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Avec une carrière commencée très tôt et des chansons très populaires (Vian,
Prévert,...), Mouloudji apparaît dans des dizaines d'albums. Vous
retrouverez ici une sélection de ses albums entre ses premiers
enregistrements en 1951 et sa mort en 1992. Cette liste n'est pas
exhaustive.
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Mouloudji chante avec l'orchestre de Michel Legrand 1954
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Mouloudji chante ses derniers succès 1954
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Chansons et complaintes 1956
Mouloudji chante Mouloudji 1957
Mouloudji 1959
Amours et ma dame aussi 1960
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Rendez-vous avec Mouloudji 1962
Mouloudji chante pour vous 1963
Si je t'avais connue 1966
Les pinup du pauvre 1966
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Le déserteur 1968
Guillaume Apollinaire 1968
Mouloudji chante Prévert 1970
Comme le dit ma concierge 1971
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Faut vivre 1973
Merci la vie 1974
Madame la Môme 1975
Mouloudji chante Boris Vian 1976
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Le bar du temps perdu 1977
Mouloudji chante Dimey 1978
Inconnu inconnues 1980
Les femmes 1987
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Mouloudji
a joué dans une quarantaine de films entre ses débuts à onze ans et les
années 1960. Puis il se consacra entièrement à la chanson, l'écriture
et la peinture. Voici une sélection de ses plus grands rôles.
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Ménilmontant de René Guissard 1936
La guerre des gosses de Jacques Daroy avec Charles Aznavour 1936
Les disparus de Saint-Agil de Christian-Jacque 1938
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Les inconnus dans la maison d'Henri Decoin 1942
Les visiteurs du soir de Marcel Carné 1942
Les jeux sont faits de Jacques Delannoy 1947
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Justice est faite d'André Cayatte 1950
Jusqu'au dernier de Pierre Billon 1957
Rafles sur la ville de Pierre Chenal 1958
La planque de Raoul André 1961 avec Francis Blanche
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La fleur de l'âge par Marcel Mouloudji aux éditions Grasset 1991.
A dix-huit ans, (la fleur de l'âge), Mouloudji vit à Paris, au sortir
d'une enfance vagabonde. Comédien et chanteur en herbe, c'est au Café
de Flore qu'il passe le plus clair de son temps : aucun des habitués ne
lui est inconnu : Sartre, Beauvoir, Prévert, Fabien Loris, Duhamel,
Lola... En toile de fond, les uniformes vert-de-gris, la silhouette du
père et l'angoisse du lendemain. Pour subsister, il collectionne les
petits métiers.
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Enrico par Mouloudji aux éditions de l'Arbalète 1944 réédité en 1998.
L'humanité me dégoûte, pensai-je, mon père, ma mère, mes parents qui me
battent, qui me font souffrir plus qu'ils ne le pensent. Oh ! ces cours
grises, cette vie, ces boucheries pour toutes denrées, cette danse
macabre des ménagères hargneuses, toutes porteuses de germes maternels,
qui traînent dans les marchés avec des sacs à main remplis de
provisions pour leur fourmilière. Je sens la mastication familiale du
midi de toutes les bouches humaines. Et pourtant, quand je vois un
corps écrasé sur une charrette, je compatis niaisement avec la foule ;
et même si ma mère était la dernière des putains et mon père le plus
abruti des charretiers, je les aimerais toujours autant." Récit
autobiographique, réaliste et cru, de la vie d'un enfant dans le
quartier misérable de Belleville à Paris durant les années qui ont
précédé la Seconde Guerre mondiale. Mouloudji reçut en 1944, lors de la
première parution de ce livre marquant aux Éditions Gallimard, le prix
de la Pléiade.
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Complaintes pour une rose noire par Mouloudji aux éditions Christian Pirot La Simarre 1975 réédité en 2004.
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Un garçon sans importance par Mouloudji aux éditions Gallimard 1971.
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Le coquelicot par Mouloudji aux éditions de l'Archipel 1997
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Mouloudji par Gilles Schlesser aux éditions de l'Archipel 2009.
Connaître Mouloudji ? Vaste quête. L'homme échappe. Non qu'il soit
silencieux : tout au contraire, il parle, se raconte. Mais tout ce
qu'il dit, ce qu'il chante, ce qu'il peint, ce qu'il écrit, se dérobe.
Mouloudji reste insaisissable.Mouloudji se confond avec quelques
chansons : Le Déserteur, Comme un p'tit Coquelicot, La Complainte des
infidèles, Un jour tu verras...
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https://musique.rfi.fr/artiste/chanson/mouloudji
https://www.discogs.com/fr/artist/604563-Mouloudji?superFilter=Releases&subFilter=Albums
https://www.nostalgie.fr/artistes/mouloudji/biographie
https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/tour-de-chant/les-debuts-de-mouloudji-5-1471764
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcel_Mouloudji
Sur France Info les cent ans de Mouloudji.
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/marcel-mouloudji-chanson-paris-enfance-debuts-carriere
https://www.liberation.fr/musique/2014/07/10/mouloudji-tribut-en-famille_1061583/
https://www.francetvinfo.fr/culture/musique-mouloudji-la-voix-du-coeur-aurait-eu-100-ans-le-16-octobre_5419738.html
https://fr.wikipedia.org/wiki/Annabelle_Mouloudji
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