Yves
Montand Le Roi du Music-hall 1921-1991
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Durant
toute sa vie, il a promené son regard charmeur et son talent
inégalable. Fait de symboles et de contradictions, il fut le
chantre du music-hall à l’ancienne, digne héritier
d’un Chevalier, d’une Piaf
ou d’un Trenet.
Dans son bagage artistique, des dizaines de films si bien qu’on
ne savait plus si le chanteur jouait la comédie ou si le comédien
poussait «la chansonnette »…Parti de rien, arrivé
au sommet, il n’oubliera jamais ceux d’en bas, cultivant
intelligemment conscience culturelle et conscience politique et sociale.
Yves Montand fut finalement, avant tout le monde, un homme du 21ème
siècle.
On
dit que tout vient de l’enfance. Celle d’Ivo Livi et de
ses frères et sœurs, Lydia et Giuliano, forgea ses convictions
politiques. Né dans l’Italie fascisante des années
20, le petit Ivo est éduqué dans le culte du communisme
par un père ouvrier et militant. Exilés en France en 1923,
les Livi atterrissent à Marseille où les « ritals
» ne sont pas forcément les bienvenus. Une enfance difficile
commence alors. Il y a son statut d’immigré bien sûr,
mais il y a aussi la misère et la peur. Pour survivre, Ivo travaille
dès onze ans, tout d’abord à l’usine, puis
avec sa sœur, coiffeuse, qui l’incitera à passer son
CAP coiffure avec succès. Mais ce n’est qu’un métier
alimentaire. Le rêve d’Ivo, c’est la scène,
que représentent les grands artistes américains et les
comédies musicales. Un art qui sait unir avec brio danse et chant.
A dix-sept ans, il rentre à l’Alcazar, célèbre
cabaret marseillais, mais pour « chauffer la salle ». De
la salle à la scène, il n’y a qu’un pas, que
le jeune Ivo, devenu pour la cause Yves Montand, ne tarde pas à
franchir en juin 1939.
Mais la guerre arriva, qui fit se retrancher nombreux artistes dans
les usines et les arrières-salles. Yves n’en attend pas
la fin pour reprendre le chemin du succès. Après une série
de concerts réussis en 1941, il fuit la Provence pour Paris en
1944 et fait la connaissance d’Edith
Piaf. Déjà célèbre et adulée,
cette croqueuse d’hommes prend Montand sous son aile et fait de
lui un véritable artiste. Initié aux ficelles du métier
par la Môme, le jeune marseillais se cultive et apprend à
se vendre sur scène. Les femmes succombent vite à son
charme méditerranéen, de l’ABC aux Folies Bergères.
Des femmes justement, Montand en rencontrent beaucoup. « Libéré
» après une rupture d’avec Edith
Piaf en 1949, il est séduit par une jeune comédienne,
fraîchement divorcée du réalisateur Marc Allegret,
Simone Signoret, qui devient deux ans plus tard son épouse. Leur
union durera jusqu’à la mort de Simone en 1985. Ensemble,
ils côtoient le tout-Paris, réunissant autour d’eux
les artistes évidemment, mais aussi les écrivains et les
penseurs de l’après-guerre (Sartre, De Beauvoir, Jorge
Semprun…).
Dès lors, la vie de Montand devient extrêmement
riche. Dosant avec justesse ses apparitions cinématographiques
et musicales, il parvient à s’immiscer pleinement dans
la vie culturelle française. Politiquement engagé, il
profite aussi de son succès pour faire passer des messages de
paix et de lutte sociale. Sa
présence auprès des grands intellectuels des années
50 le rend très crédible et influent. Côté
cinéma, il exerce son talent de comédien sous les ordres
de Carné, Costa Gavras, Clouzot, Sautet, ou Jules Dassin (père de Joe), tournant
plusieurs dizaines de films dont la plupart à forte connotation
sociale ou politique (Z, La loi, L’aveu,…). Côté
scène, sa collaboration avec des auteurs compositeurs de grande
envergure (Kosma, Prévert, Barouh, Lemarque,…) et
sa façon unique d’interpréter les standards du music-hall
(A bicyclette, Battling Joe, Mon pote le gitan, Barbara, Les feuilles
mortes, Grands boulevards,…) font de lui un artiste époustouflant.
Danseur, chanteur, comédien, charmeur, intellectuel, militant,…
Yves Montand est une personnage public et ne se laisse jamais bâillonner.
Résolument à gauche, ses prises de position et ses coups
de gueule sont célèbres, même lorsqu’il s’insurge
contre le Stalinisme de l’Union Soviétique amie et de l’invasion
de Budapest par les chars russes. Durant toute sa vie, il ne cessera
de s’exprimer sur tous les sujets lui tenant à cœur
en France comme à l’étranger, où il est d’ailleurs
très célèbre, du Japon aux Etats-Unis Si ce parti
pris alimente les querelles de clocher, le public ne s’y trompe
pas : Montand est extrêmement populaire, et les années
n’altèrent en rien cette popularité. Bien au contraire,
le « Papet » devient irrésistible en valet de chambre
dans La folie des grandeurs de Gérard Oury en 1972 ou
carrément attendrissant sous la direction de Claude Berri pour
un remake remarqué de Pagnol (Manon des Sources / Jean de
Florette) en 1986.
Il
faut attendre la mort de sa compagne Simone Signoret en 1985, à
l’âge de 64 ans pour que Yves Montand baisse la garde. Profondément
touché par cette disparition, ses apparitions se font plus rares.
Il continue cependant sa double carrière de chanteur et de comédien
et fait la connaissance, sur le tournage de Manon des Sources,
d’une jeune assistante, Carole Amiel, qui deviendra la dernière
femme de sa vie et la mère de son unique enfant Valentin, né
le 31 décembre 1988, alors que Montand est âgé de
67 ans ! Un enfant (et héritier) qui suscite les convoitises
puisqu’à la même époque, Anne Drossart, une
actrice ayant eu une aventure avec Montand lors d’un tournage,
accuse l’acteur d’être le père de sa fille
Aurélie. Les journaux se jettent avec délectation sur
cette triste affaire. Reconnu « coupable » de paternité
dans un premier temps, il faut attendre 1998, soit sept ans après
sa mort, pour que des tests ADN réalisés sur son corps
innocentent le défunt. Des années de combat pour la veuve
et la famille du chanteur, pour de sombres intérêts financiers.
Entre temps, en novembre 1991, alors qu’il termine le tournage
d’IP5 de Jean-Jacques Beineix, film dans lequel son personnage
décède d’un arrêt cardiaque, Montand est victime
d’un infarctus du myocarde et s’éteint le 9 novembre
1991 dans une clinique de la région parisienne. Il préparait
un nouveau spectacle au POPB de Paris, dédié à
son jeune fils de trois ans. Son corps repose au Père Lachaise
auprès de Simone Signoret.
Rarement
artiste ne fut si populaire : parce que chacun de ses films fut un grand
moment de cinéma (Le salaire de la peur, Compartiment tueur,
Z, L’aveu, César et Rosalie,…) ; parce que ses
chansons appartiennent au patrimoine culturel francophone (Les feuilles
mortes, Barbara, Les grands boulevards, A Paris, Battling Joe, A bicyclette,
Le télégramme,…) ; parce que ses prises de
position politiques cherchaient à défendre le peuple et
la liberté ; parce qu’il a su, naturellement, séduire
et ravir. En soixante-dix ans d’une vie bien remplie, Yves Montand
est rentré dans le panthéon de la culture française.
2002-2023
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Montand par Claude Gassian
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BIO EXPRESS
Né Ivo
Livi à Monsumumano, Italie le 13/10/1921. Décédé à Senlis,
France, 9 novembre 1991. Exil en France en 1923 pour fuir le fascisme.
Travaille très tôt pour aider la famille à vivre. Est attiré par la
chanson. Travaille à l'Alcazar. Quelques concerts, puis il monte à
Paris durant la guerre et rencontre Piaf. Rencontre Simone Signoret en
1949 qu'il épouse deux ans plus tard. Mêle avec talent et succès
chanson et cinéma. Ses prises de position politiques font également de
lui un eprsonnage public influent. Mort de Simone en 1985. Rencontre
avec Carole Amiel, mariage puis naissance de Valentin le 31 décembre
1988. Dernier tournage IP5 de Beineix en 1991 et décès en novembre
après le tournage.
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Difficile
de retracer ici la totalité de la discographie de Montand. Voici
quelques repères qui permettront à ceux qui connaissent mal sa
carrière, de (re)découvrir une voix hors du commun et ses plus grands
succès. Rappel dans le désordre et pour le plaisir... (Attention, les
illustrations ne correspondent pas forcément aux titres de la même
ligne). Plus de détails sur Discogs ou Encyclopédisque, ainsi que sur le site officiel.
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Bravo à Yves Montand
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Récital 1959
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Chantons la paix
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Montand d'Hier et d'Aujourd'hui
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Les années Odéon d'Yves Montand (intégrale 9 CD)
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Récital au Théâtre de l'Etoile
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Le chat de la voisine
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Ballades
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Dis-moi Joe
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Les portes de la nuit |
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Les feuilles mortes
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La bicyclette |
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La chansonnette |
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Je sais que vous êtes jolie |
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Radioscopie de Jacques Chancel (document) |
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Plaisirs inédits |
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At his best (compilation) |
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Olympia 1981 (en public)
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Talents du siècle Yves Montand |
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Yves Montand connu et inconnu
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Yves Montand and his songs of Paris |
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Inédits, rares et indispensables (coffret 4 CD) |
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Yves Montand chante Jacques Prévert |
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Rengaine ta rengaine |
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A Paris
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Vous
trouverez ici une filmographie de Yves Montand, prouvant
s'il en faut l'étendue du talent de comédien de l'artiste.
De son premier court métrage en 1945 à son dernier film
en 1991, rappel de presque 50 ans de carrière ! |
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>>>Silence
antenne court-métrage de René Lucot 1945
>>>L'étoile sans lumière de Marcel Blistène
avec Edith Piaf
1945
>>>Les Portes de la Nuit de Marcel Carné 1946
>>>Etoiles sans lumière de Marcel Blistène
1946
>>>L'idole d'Alexandre Esway 1947
>>>Souvenirs perdus de Christian-Jaque 1950
>>>Paris chante toujours de Pierre Montazel 1950
>>>Paris sera toujours Paris de Luciano Emmer 1952
>>>Le salaire de la peur de Henri-Georges Clouzot 1953
avec Charles Vanel
>>>Quelques pas dans la vie d'Alessandro Blasetti 1954
>>>Napoléon de Sacha Guitry 1955
>>>Les Héros sont fatigués de Yves Ciampi
1955
>>>Marguerite de la nuit de Claude Autant-Lara avec Michèle
Morgan 1955
>>>Les sorcières de Salem avec Simone SIgnoret
de Raymond Rouleau 1956
>>>Hommes et loups de Giuseppe de Santis 1956
>>>Le premier mai de Luis Saslavsky avec Yves Noel 1957
>>>Yves Montand chante en URSS de Michel Sloutzky 1957
>>>Un dénommé Squarcio de Gillo Pontecorvo
1958
>>>Le père et l'enfant 1958
>>>La Loi de Jules Dassin 1958
>>>Le Milliardaire de Georges Cukor 1960
>>>Aimez-vous Brahms ? d'Anatole Litvak 1961 avec Ingrid
Bergman
>>>Ma geisha de Jack Cardiff avec Shirley Mac KLane 1961
>>>Sanctuaire de Tony Richardson 1962
>>>Compartiment tueurs de Costa-Gavras 1965
>>>La guerre est finie d'Alain Resnais avec Jean Bouise
1966
>>>Paris brûle-t-il ? de René Clément
1966
>>>Grand prix de John Frankenheimer avec Françoise
Hardy 1966
>>>Vivre pour vivre de Claude Lelouch 1967
>>>Mister Freedom de William Klein 1968
>>>Un soir un train d'André Delvaux 1968
>>>Un diable par la queue de Philippe De Broca avec Jean
Rochefort 1968
>>>Z de Costa-Gavras 1968
>>>L'aveu de Costa-Gavras 1970
>>>Melinda de Vincente Minnelli 1970
>>>Le cercle rouge de Jean-Pierre Melville 1970 avec
Bourvil
>>>La folie des grandeurs de Gérard Oury avec
Alice Sapritch et De Funès 1971
>>>Tout va bien Jean-Luc Godard et J-P Gorin 1972
>>>César et Rosalie de Claude Sautet 1972
>>>Etat de siège de Costa-Gavras avec Jacques
Weber 1973
>>>Le Fils de Pierre Granier-Deferre 1973
>>>Deuxième procès d'Artur London de Chris
Marker 1973
>>>Jour de tournage court métrage de Chris Marker
1973
>>>Le hasard et la violence de Philippe Labro 1973
>>>La solitude du chanteur de fond de Chris Marker 1974
>>>Vincent, François, Paul et les autres de Claude
Sautet 1974 avec Michel Piccoli et Serge Reggiani
>>>T'es fou Marcel 1974 court métrage avec Jean
Rochefort
>>>Section spéciale de Costa Gavras 1975
>>>Le Sauvage de Jean-Paul Rappeneau avec Catherine Deneuve
1975
>>>Police Python 357 d'Alain Corneau 1976
>>>Le grand escogriffe de Claude Pinoteau 1976 avec Claude
Brasseur
>>>La menace d'Alain Corneau 1977
>>>Les routes du Sud de Joseph Losey 1978
>>>Clair de femme de Costa-Gavras 1979
>>>I comme Icare d'Henri Verneuil 1979
>>>Le choix des armes d'Alain Corneau 1981
>>>Tout feu tout flamme avec Isabelle Adjani de Jean-Paul
Rappeneau 1982
>>>Garçon ! de Claude Sautet 1983
>>>Jean de Florette de Claude Berri 1986 avec Daniel
Auteuil
>>>Manon des Sources de Claude Berri 1986 avec Emmanuelle
Béart et Gérard Depardieu
>>>Trois places pour le 26 de Jacques Demy 1988
>>>Netchaïev est de retour de Jacques Deray avec
Vincent Lindon 1990
>>>I.P 5 de Jean-Jacques Beineix avec Olivier Martinez
1990 (Montand décède à la fin du tournage) |
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Un lien à retenir avant tout, celui, officiel, de Montand : http://www.yves-montand-site-officiel.com/
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De très nombreux ouvrages sont consacrés à Montand. En voici une sélection.
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Yves Montand le chant d'un homme
par Richard Cannavo et Henri Quiquere aux Editions Robert Laffont |
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Paris chante Montand aux Editions
Paris Musées (photos) |
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Yves Montand par Michel Ginies
(livre CD) aux Editions Vade Retro |
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Je chante Yves Montand aux
Editions Paul Beuscher
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Simone Signoret et Yves Montand
une passion engagée par Nathalie Gresiak aux Editions Acropole |
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La chansonnette et toutes les
autres (intégrale de ses textes) aux Editions N°1 collection Stars et médias
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La chansonnette l'Intégrale aux
Editions du livre de Poche (tous les textes de ses chansons)
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Montand raconte Montand au Seuil
par Hervé Hamon et Patrick Rotman
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Yves Montand la force du destin par Carole Amiel et Luc Larriba éditions de la Martinière 2021
À l’occasion du centenaire de sa naissance, Carole Amiel et Luc Larriba
retracent l’histoire d’Yves Montand, né Ivo Livi. Immigré italien,
arrivé à Marseille au début des années 1920, Montand se construit
lui-même et deviendra une personnalité emblématique du xxe siècle.
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