Homme
mystérieux, artiste attachant et
complet, Gérard Manset est un être à part. Toujours hors du temps et de
l'espace. Insaisissable, rarement photographié, aux apparitions radio
et télé quasi inexistantes, il fascine par son absence et la richesse
de son répertoire. On le dit ex-taulard, voyageur accompli, peut-être
inexistant, tant il aime à cultiver le mythe de l'invisible. Un poète
avant tout. Une sorte d'îcone majestueux.
Paris, août 1945... le début d'un
voyage...
Difficile
de savoir comment vit et a
vécu Manset. Quelques bribes de sa vie, glanées ça et là. Il naît à St
Cloud, banlieue riche de Paris, et y passe son enfance, avant de
déménager dans le XVI° arrondissement. La musique, il la découvre par
le biais de sa petite soeur, qui tente d'apprendre en vain le piano.
Adolescent, il découvre aussi la guitare et la batterie. Un riche trio
d'instruments pour celui qui deviendra un véritable "homme-orchestre".
Gérard se passionne parrallèlement pour le dessin. Après avoir échoué
au Bac, il s'inscrit aux Arts Déco. Mais la musique est sa véritable
vocation.
Un premier disque à 23 ans...
Il
écrit de nombreuses chansons, et même
s'il ne se sent pas à l'aise dans leur interprétation, il enregistre et
sort un premier 45 T. en mai 1968: Animal
on est mal. Puis son premier
album paraît la même année. On commence à remarquer ce chanteur
étrange, et en 1970, à la sortie de La
mort d'Orion, un album opéra aux
thèmes mystiques, les ventes passent la barre des 20 000 exemplaires !
Encouragé par ces premiers succès, il crée les studios Milan afin
d'aider d'autres artistes dans leurs créations. Auteur, compositeur,
interprète, ingénieur du son, technicien, Manset sait tout faire, et
chacun de ses albums est un véritable investissement de sa personne. En
1975, le titre Il voyage en solitaire
explose au "hit-parade". C'est
indéniablement LE titre phare de Manset. Mais ce succès ne plaît pas à
son auteur, qui voit dans sa médiatisation une entrave à sa libre
expression artistique.
Fuir le monde
Après
avoir vendu son studio Milan,
Manset entreprend une série de voyages qui le tient éloigné du monde
occidental : de l'Asie à l'Amérique du Sud, il écrit, photographie,
dessine, cherche d'autres moyens de création. Ses retours en France ne
sont que de courtes périodes d'enregistrement, pendant lesquelles il
couche sur vinyl ce trop plein d'impressions et d'images amassées
pendant son exil. Au fil des années, ses albums se suivent et ne se
ressemblent pas. Manset est exigeant vis-à-vis de lui-même. Pas de
concert, pas de télé, pas de radio, quelques entrevues écrites
seulement, mais un véritable respect de son public. Il produit, tant
dans ses livres que dans ses disques, une oeuvre riche et puissante,
intelligente et sensible. Mais dans l'ombre. A partir de 1981, il
n'apparaît plus sur ses pochettes d'albums (ou bien flouté ou de dos).
Toujours se remettre en cause
Peut-être
pour ne pas rentrer dans le
système commercial, et devant un succès grandissant, Manset décide, en
1985, d'arrêter la chanson. Il se consacre désormais à la photo et à
l'écriture. Son premier roman Royaume
de Siam, paraît au printemps
1987. En 1988, il souhaite cependant revenir à la chanson, mais en
ressortant en CD ses premiers albums. Ce travail n'est pas un simple
travail de réedition. Manset, au contraire, épure, réorchestre, réecrit
la plupart de ses titres. Certains sont allongés, raccourcis, ou même
supprimés. D'autres se voient ajouter des violons ou des percussions.
Ainsi, cinq CD renaissent en 1988. Finalement, relancé par ces
remixages, il produit un nouvel album en 1989 : Matrice. La machine est
relancée, romans et disques originaux. Le public suit, fidèle, et sait
apprécier la qualité de l'art "mansetien" (oupsss !).
Reconnu par toute une génération
Route Manset sort en 1996. C'est un
album hommage qui voit le jour grâce à Cabrel et Bashung. Puis une
compilation, Best of, éditée
en 1999, prouve définitivement que Manset
est un grand artiste, dont l'oeuvre sombre et forte, marque toute une
génération. Par l'intermédiaire de sa fille Caroline, le chanteur fait
la connaissance de Raphaël,
alors au début de sa carrière. Cadeau sublime, Manset lui offre un
titre Peut-être a-t-il rêvé
sur le troisième album du jeune homme en 2005. Leur collaboration ne
s'arrêtera pas là pour autant. Le chanteur s'ouvre au monde : il écrit
pour Pagny, Bashung, Raphaël, ou Axelle Red et Julien Clerc,
accepte de répondre à quelques entrevues, se fait même photographier
par la presse. Une sagesse sereine semble s'emparer de lui.
Durant
les années 2010 et 2020, il a pour projet de monter sur scène au Palais
des Sports de Paris, mais renonce définitivement. Il continue cependant
son travail artistique en publiant romans et albums, dont une intégrale
de 19 CD en 2016.
Sans promo, concert ni télé, il parvient à s'imposer comme
un chanteur unique, artiste de légende et de mystère. Un être troublant
que l'on cherche en vain à comprendre dans son oeuvre, mais la
diversité de celle-ci nous laisse en suspens, au-dessus de tout, sans
réponse. Rien ne trouble ni ne tranche le mythe Manset...
SB 2001-2023
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BIO EXPRESS
Né
Gérard Manset à
Saint Cloud (Hauts de Seine) le 21 août 1945. Enfant, il découvre le
piano et la guitare. S'inscrit aux Arts Déco et commence la musique.
Premier 45T et premier album en 1968. Premier succès avec La mort d'Orion en
1970. Voyage beaucoup durant les années 70. Souhaite arrêter la chanson
et publie de nombreux ouvrages (romans, livres de photos). Revient à la
chanson en retravaillant ses premiers disques. Nouvel album studio en
1989 : Matrice. Album hommage
en 1996. Continue d'écrire et d'enregistrer, mais renonce
définitivement à se produire sur scène. Accorde quelques entrevues et
photographies à l'occasion de la sortie de Le crabe aux pinces d'homme. en
2022.
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