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Juin 2006 : Romain Lateltin répond à une entrevue exclusive avec Le Petit Dico intime de la Chanson Française.

Le Petit Dico de la Chanson (LPDC) : Bonjour Romain et merci d'avoir accepté l'invitation du Petit Dictionnaire de la Chanson Française. Pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore, peux-tu te raconter en quelques lignes ?

Romain Lateltin (RL) : Je suis originaire de Lyon, et je suis né en 1979. Auteur compositeur interprète. A mes côtés dans l'aventure depuis trois ans, Thierry Chanat pianiste arrangeur. Christian Morfin guitariste et qui a réalisé les deux albums dans son studio OSM à Lyon.

LPDC : A l'écoute de tes deux premiers albums, on découvre un véritable son novateur (et c'est ce qui fait le charme de ta musique), avec des textes intelligents, cohérents, ancrés dans l'esprit « chanson française » d'une part, et une musique résolument eighties, aux influences très anglosaxones d'autre part. Raconte-nous cette dualité (ou cette complémentarité ?)

RL : C'est vrai que j'ai baigné dans les eighties, et forcément cela se ressent dans ma musique, mais d'autre part j'écoute de plus en plus de chanson française et paradoxalement aussi de musique électronique. D'où le mélange electro, eighties, chanson, pop …

LPDC : Revenons à tes influences : quelles ont été tes amours musicales de jeunesse ?

RL : J'ai commencé à écouter de la musique très jeune, mes parents écoutaient beaucoup Pink Floyd, Gainsbourg, les Doors … j'ai eu ma période Jackson, JL Aubert et Tears for Fears, Depeche Mode. Aujourd'hui je redécouvre tous les jours Gainsbourg, et la chanson française en général, avec de grosses affinités pour Bernard Lavilliers, Jean-Louis Murat, Gérard Manset, Zazie … bref des artistes qui ont du charisme et qui font ce qu'ils aiment.

LPDC : Enfant, tu as appris le synthé (on parlait justement de musique anglo-saxonne), le piano la guitare…. Et puis ? A partir de quel âge on se dit, dans sa tête de gosse ou d'ado : « je veux être chanteur  et je ferai tout pour y arriver » ?

RL : J'ai commencé la musique à l'age de neuf ans et je crois que la passion est arrivée vers 14-15 ans, on avait monté un groupe de Rock au Lycée dans lequel on faisait des reprises des Rages, de Offspring, Nirvana, Metallica … et depuis je n'ai jamais quitté la musique, même si il y a eu diverses expériences, en fait je ne me suis jamais vraiment posé la question. La musique fait partie de moi, et je la pratique sans vraiment me poser la question de savoir si cela va marcher ou pas. Mais d'un autre côté je suis en indépendant et je m'occupe de la promo, donc au fond de moi je pense que mon désir serait que cela plaise quand même à un maximum de personne.

LPDC : Quel rapport entretiens-tu à la lecture et à l'écriture ? Quelles furent tes premières amours littéraires ? Et comment es-tu venu à l'écriture et à la composition de chansons ?

RL : Pour la littérature je ne suis pas vraiment très pointu mais je suis un grand fan de Bernard Werber. Je suis beaucoup plus inspiré par le cinéma, et j'adore les vieux films français de Audiard, de Tati, bref les films de caractères qu'on a de moins en moins aujourd'hui. Pour la composition c'est arrivé très vite, vers l'age de 15ans, en revanche pour l'écriture c'est assez récent , cela fait 4-5 ans que je me suis mis à écrire. 

LPDC : L'idée d'un album-concept, c'est une rupture par rapport à ce qui se fait actuellement ou plutôt un retour aux sources vers les albums concepts des seventies ?

RL : « Elle veut de l'homme » est mon deuxième album concept. En 2003 j'ai sorti l'album « A l'intérieur de soi-même », l'histoire d'un personnage prétentieux, libertin … et cet album s'est fait très naturellement. Du coup « Elle veut de l'homme » s'est fait de la même façon. Et je pense qu'il est important d'appréhender un album comme un roman, comme un film, comme une bande dessinée, j'aime cette idée de lien entre les titres, de fil conducteur, et l'idée de l'album tout simplement. Un album doit s'écouter d'un bout à l'autre et ne doit pas être une addition de single qui n'ont rien avoir entre eux. Ou alors ce sont des « compils » …

LPDC : Quel rapport as-tu avec les autres artistes de la scène française actuelle ? Partager la scène avec une pointure comme Raphaël, c'est un coup de promo, un hasard, un service, une obligation, un défi ?

RL : Je me suis retrouvé en première partie de Raphaël un peu par hasard, en tous les cas cela reste un très grand souvenir. Autrement, bizarrement j'aimerais pouvoir faire écouter ce que je fais à bons nombres d'artistes commeZazie par exemple, mais le milieu instaure bons nombres de barrières, du coup pour résumer, les artistes indépendants restent entre eux par obligation, et puis pour s'entraider.

LPDC : J'ai envie de te poser cette question récurrente : quelle image as-tu aujourd'hui de ce que nous offre le Paysage Musical Français ? Comment situes-tu ta musique dans ce paysage ?

RL : Je trouve que la musique française est plutôt en bonne santé d'un point de vue artistiqu. Je regrette juste que la mode soit à la chanson française très traditionnelle, il manque d'originalité et de prises de risques, mais il y a des exceptions comme Camille par exemple ou Emilie Simon,Alain Bashung … Pour ce qui est de ma musique je galère un peu pour me situer, on me dit que cela ressemble à tout et à rien à la fois, j'ai donc mon propre univers et tant mieux. Cela plait ou cela ne plait pas, mais au moins j'essaye d'être original. Artistiquement je pense que je me rapproche plus deZazie et Emilie Simon, elles font parties de mes inspirations.

LPDC : Autre question récurrente : Internet, le peer-to-peer, la virtualité de la musique…. Ca t' agace ? Ca te gratouille ? Ca te chatouille ? Ou c'est un formidable tremplin pour ceux qui n'ont pas la chance de passer à la télé ou dans les radios conventionnelles ?

RL : Je suis disponible en téléchargement légal mais je trouve que c'est trop cher, 10 euros pour avoir des fichiers audio de mauvaises qualités sans avoir de support physique. Le prix devrait être de 5 euros, je pense que cela changerait pas mal la donne. Autrement le peer to peer c'est un long débat, à mon niveau cela ne me dérange pas, bien au contraire, mais si j'étais signé en maison de disque je n'aurai certainement pas le même discours.

LPDC : Quels sont les projets de Romain Lateltin pour 2006 ?

RL : Trouver un tourneur et faire un maximum de scène pour présenter ce nouvel album. Commencer à réfléchir sur un nouveau concept et écrire quelques titres. Faire quelques titres house aussi avec Le duc de Z, c'est un DJ. Et pourquoi pas retravailler avec des groupes de Rap. Bref pleins de projets artistiques, mais avant tout il faut défendre ce nouvel album « Elle veut de l'homme » dont on est très fier avec Chrisitan Morfin et Thierry Chanat mes deux musiciens et arrangeurs. Même si on est conscient que cet album ne peut pas plaire à tout le monde, en tous les cas pour ceux qui aiment le second degré et l'humour un peu sarcastique c'est un album de cette veine-là.

LPDC : Si tu devais mourir demain, en quoi souhaiterais-tu te réincarner ?

RL : En Chat domestique, pas de soucis, on te nourrit, on te câline …

Merci mille fois Romain Lateltin d'avoir voulu répondre à nos questions. Nous vous invitons tous à découvrir sans attendre l'excellent album de Romain Elle veut de l'homme.

SeB

Première mis en ligne le 19 mars 2001. Version 8 mise en ligne le 27 octobre 2007 . Dernière MAJ octobre 2023
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