Le
Petit Dico de la Chanson (LPDC) : Bonjour Romain et merci d'avoir
accepté l'invitation du Petit Dictionnaire de la Chanson Française.
Pour nos lecteurs qui ne te connaissent pas encore, peux-tu te raconter
en quelques lignes ?
Romain Lateltin (RL) : Je
suis originaire de Lyon, et je suis né en 1979. Auteur compositeur
interprète. A mes côtés dans l'aventure depuis trois ans, Thierry
Chanat pianiste arrangeur. Christian Morfin guitariste et qui a réalisé
les deux albums dans son studio OSM à Lyon.
LPDC
: A l'écoute de tes deux premiers albums, on découvre un véritable son
novateur (et c'est ce qui fait le charme de ta musique), avec des
textes intelligents, cohérents, ancrés dans l'esprit « chanson
française » d'une part, et une musique résolument eighties, aux
influences très anglosaxones d'autre part. Raconte-nous cette dualité
(ou cette complémentarité ?)
RL : C'est vrai
que j'ai baigné dans les eighties, et forcément cela se ressent dans ma
musique, mais d'autre part j'écoute de plus en plus de chanson
française et paradoxalement aussi de musique électronique. D'où le
mélange electro, eighties, chanson, pop …
LPDC : Revenons à tes influences : quelles ont été tes amours musicales de jeunesse ?
RL : J'ai commencé à écouter de la musique très jeune, mes parents écoutaient beaucoup Pink Floyd, Gainsbourg, les Doors … j'ai eu ma période Jackson, JL Aubert
et Tears for Fears, Depeche Mode. Aujourd'hui je redécouvre tous les
jours Gainsbourg, et la chanson française en général, avec de grosses
affinités pour Bernard Lavilliers, Jean-Louis Murat, Gérard Manset, Zazie … bref des artistes qui ont du charisme et qui font ce qu'ils aiment.
LPDC
: Enfant, tu as appris le synthé (on parlait justement de musique
anglo-saxonne), le piano la guitare…. Et puis ? A partir de quel âge on
se dit, dans sa tête de gosse ou d'ado : « je veux être chanteur et je
ferai tout pour y arriver » ?
RL : J'ai
commencé la musique à l'age de neuf ans et je crois que la passion est
arrivée vers 14-15 ans, on avait monté un groupe de Rock au Lycée dans
lequel on faisait des reprises des Rages, de Offspring, Nirvana,
Metallica … et depuis je n'ai jamais quitté la musique, même si il y a
eu diverses expériences, en fait je ne me suis jamais vraiment posé la
question. La musique fait partie de moi, et je la pratique sans
vraiment me poser la question de savoir si cela va marcher ou pas. Mais
d'un autre côté je suis en indépendant et je m'occupe de la promo, donc
au fond de moi je pense que mon désir serait que cela plaise quand même
à un maximum de personne.
LPDC : Quel rapport
entretiens-tu à la lecture et à l'écriture ? Quelles furent tes
premières amours littéraires ? Et comment es-tu venu à l'écriture et à
la composition de chansons ?
RL : Pour la
littérature je ne suis pas vraiment très pointu mais je suis un grand
fan de Bernard Werber. Je suis beaucoup plus inspiré par le cinéma, et
j'adore les vieux films français de Audiard, de Tati, bref les films de
caractères qu'on a de moins en moins aujourd'hui. Pour la composition
c'est arrivé très vite, vers l'age de 15ans, en revanche pour
l'écriture c'est assez récent , cela fait 4-5 ans que je me suis mis à
écrire.
LPDC : L'idée d'un album-concept,
c'est une rupture par rapport à ce qui se fait actuellement ou plutôt
un retour aux sources vers les albums concepts des seventies ?
RL : « Elle
veut de l'homme » est mon deuxième album concept. En 2003 j'ai sorti
l'album « A l'intérieur de soi-même », l'histoire d'un personnage
prétentieux, libertin … et cet album s'est fait très naturellement. Du
coup « Elle veut de l'homme » s'est fait de la même façon. Et je pense
qu'il est important d'appréhender un album comme un roman, comme un
film, comme une bande dessinée, j'aime cette idée de lien entre les
titres, de fil conducteur, et l'idée de l'album tout simplement. Un
album doit s'écouter d'un bout à l'autre et ne doit pas être une
addition de single qui n'ont rien avoir entre eux. Ou alors ce sont des
« compils » …
LPDC : Quel rapport as-tu avec
les autres artistes de la scène française actuelle ? Partager la scène
avec une pointure comme Raphaël, c'est un coup de promo, un hasard, un
service, une obligation, un défi ?
RL : Je me suis retrouvé en première partie de Raphaël
un peu par hasard, en tous les cas cela reste un très grand souvenir.
Autrement, bizarrement j'aimerais pouvoir faire écouter ce que je fais
à bons nombres d'artistes commeZazie par exemple, mais le milieu
instaure bons nombres de barrières, du coup pour résumer, les artistes
indépendants restent entre eux par obligation, et puis pour
s'entraider.
LPDC : J'ai envie de te poser
cette question récurrente : quelle image as-tu aujourd'hui de ce que
nous offre le Paysage Musical Français ? Comment situes-tu ta musique
dans ce paysage ?
RL : Je trouve que la musique
française est plutôt en bonne santé d'un point de vue artistiqu. Je
regrette juste que la mode soit à la chanson française très
traditionnelle, il manque d'originalité et de prises de risques, mais
il y a des exceptions comme Camille par exemple ou Emilie Simon,Alain Bashung
… Pour ce qui est de ma musique je galère un peu pour me situer, on me
dit que cela ressemble à tout et à rien à la fois, j'ai donc mon propre
univers et tant mieux. Cela plait ou cela ne plait pas, mais au moins
j'essaye d'être original. Artistiquement je pense que je me rapproche
plus deZazie et Emilie Simon, elles font parties de mes inspirations.
LPDC
: Autre question récurrente : Internet, le peer-to-peer, la virtualité
de la musique…. Ca t' agace ? Ca te gratouille ? Ca te chatouille ? Ou
c'est un formidable tremplin pour ceux qui n'ont pas la chance de
passer à la télé ou dans les radios conventionnelles ?
RL :
Je suis disponible en téléchargement légal mais je trouve que c'est
trop cher, 10 euros pour avoir des fichiers audio de mauvaises qualités
sans avoir de support physique. Le prix devrait être de 5 euros, je
pense que cela changerait pas mal la donne. Autrement le peer to peer
c'est un long débat, à mon niveau cela ne me dérange pas, bien au
contraire, mais si j'étais signé en maison de disque je n'aurai
certainement pas le même discours.
LPDC : Quels sont les projets de Romain Lateltin pour 2006 ?
RL : Trouver
un tourneur et faire un maximum de scène pour présenter ce nouvel
album. Commencer à réfléchir sur un nouveau concept et écrire quelques
titres. Faire quelques titres house aussi avec Le duc de Z, c'est un
DJ. Et pourquoi pas retravailler avec des groupes de Rap. Bref pleins
de projets artistiques, mais avant tout il faut défendre ce nouvel
album « Elle veut de l'homme » dont on est très fier avec Chrisitan
Morfin et Thierry Chanat mes deux musiciens et arrangeurs. Même si on
est conscient que cet album ne peut pas plaire à tout le monde, en tous
les cas pour ceux qui aiment le second degré et l'humour un peu
sarcastique c'est un album de cette veine-là.
LPDC : Si tu devais mourir demain, en quoi souhaiterais-tu te réincarner ?
RL : En Chat domestique, pas de soucis, on te nourrit, on te câline …
Merci
mille fois Romain Lateltin d'avoir voulu répondre à nos questions. Nous
vous invitons tous à découvrir sans attendre l'excellent album de
Romain Elle veut de l'homme.
SeB
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