Les
mauvaises langues diront que Frédéric François
est exclusivement un chanteur pour femmes démodé.
Il faut pourtant lui reconnaître une étonnante longévité
qui n’a d’égale que sa manière bien à
lui de charmer, par sa voix, par ses chansons, ou par son sourire.
De la catégorie des crooners « à la française
» (Franck Mickaël, Hervé Vilard,
Daniel Guichard,...) Frédéric François
n’en reste pas moins un artiste très apprécié
dans le monde entier.
Comme
nombre de ses compatriotes d’origine italienne, le petit Francesco
Barracatto trouvera en la Belgique une vraie terre d’adoption
(Adamo ou Claude
Barzotti suivront le même chemin). Né en Sicile,
près de Palerme, le 3 juin 1950, il quitte très tôt
son pays pour la région de Liège, pays minier qui
offre à de nombreux immigrés travail et accueil. S’il
n’a qu’un an et demi lors de son exil, Francesco restera
très attaché à sa terre natale et ne cessera
à travers son art de lui rendre hommage (comme lorsqu’il
interprète Les plus belles chansons napolitaines
ou Les plus belles chansons italiennes).
Toute
la famille Barracatto quitte le petit village de Lercarra Fridi
le 5 octobre 1951 pour le plat pays. Son père Peppino avait
précédé sa femme Nina et leurs deux garçons,
Rosario et Francesco, et travaillait dur dans une mine de charbon.
Six autres enfants verront le jour. De cette vie difficile, le petit
immigré gardera pourtant un merveilleux souvenir. Son père
anime la maison familiale de sa voix forte et donne à son
fils le goût du chant et de la musique. A l’âge
de douze ans, Frédéric-Francesco s’achète
une guitare et suit les traces de son père, chanteur à
l’occasion dans les cabarets, le soir après la mine.
Après de nombreuses tentatives de groupe, toutes aussi éphémères
les unes que les autres, le jeune homme obtient la permission de
s’inscrire au Conservatoire de Musique. Il y joue du violon,
et y apprend le chant. Extrêmement doué, le succès
ne se fait pas attendre. Remarqué par Lucien Morisse, producteur
à Europe 1, et ex-mari de Dalida, il remporte de nombreux prix dont celui du Microsillon
d’Argent du Festival de Châtelet en Belgique. Puis il
enregistre ses premiers 45 tours, tout d’abord sous le nom
de François Barra (Petite fille ne pleure pas 1966)
puis sous le nom définitif de Frédéric François
(Sylvie 1969).
Nous
sommes en 1970 et le jeune homme croit dur comme fer en son étoile.
D'autant plus que côté coeur, il épouse Monique, qui sera la mère de
ses quatre enfants. Je n'ai jamais aimé comme je t'aime est son premier
succès en 1971 et scelle le style Frédéric
François : des chansons d’amour, toujours, interprétées
d’une voix chaude et colorée (la mode des chanteurs
méditerranéens bat son plein : Enrico
Macias, Julio Iglesias,...). Très vite, il est
remarqué et célébré dans toute la France.
Chacun de ses disques conquiert un public largement féminin
et lui permet de s’exporter facilement. Dès lors, les
frontières ne lui résistent plus. Ses tournées
le mènent au Canada, en Suisse, en Belgique,... où
l’on reprend en chœur ses plus grands tubes : Mon
coeur te dit je t’aime, Chicago, Je t’aime à
l’Italienne, Fou d’elle, On s’embrasse on oublie
tout,... Ses plus beaux spectacles ont lieu sur la mythique
scène de l’Olympia,
qu’il foule à de nombreuses reprises et dont sont issus
certains de ses albums « live » (dont les vidéos
Olympia 94, 96 ou 98).
Etrangement,
Frédéric François n’est pas un chanteur
à la mode, mais appartient malgré cela à toutes
les générations depuis près de cinquante ans. Une éternelle
reconnaissance due au charisme et à la simplicité
de ce père de quatre enfants (Gloria, Vincent, Anthony, et
Victoria) qui, en dehors des studios ou des médias, reste
un homme ouvert, chaleureux et honnête. Fidèle aussi,
tant à ses origines italiennes qu’à ses convictions
(il chantera même devant le Pape en 1996).
Les
années 2000 sont intenses et le chanteur n'arrête pas d'écrire,
d'enregistrer et de se produire sur scène, si bien qu'il est
hospitalisé en 2008 et que les médecins l'obligent à lever le pied.
S'en suit une année de repos. mais il repart d eplus belle dès la fin
de sa convalescence et enregistre plusieurs albums dans les années
2010, en continuant à se produire à l'Olympia ou sur toutes les scènes,
répondant aux appels d'un public fidèle et nombreux. Les années 2020 ne
l'arrêtent pas : albums de duos avec Bénabar, Laurent Voulzy ou encore un autre chanteur d'origine italienne, Adamo, puis une nouvelle tournée prévue jusqu'en mai 2024.
En
toute simplicité, ce crooner italo-belge collectionne les
disques d’Or et de Platine, sans jamais sombrer dans l’outrance.
Chanteur pour femmes, sans doute, ces femmes qui sont son plus fidèle
public et à qui il rend, à travers sa carrière,
un fabuleux hommage.
SB 2003-2023
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