Né en
1941 à Conakry, en Guinée, où son père est receveur des Postes, Alain
rejoint la France dès son jeune âge et découvre le théâtre et la
chanson. Il "monte" à Paris et, dès 1963, suit les cours d'art
dramatique d'André Bauer Thérond (cours suivis qu'ont aussi fréquentés
Françoise Arnoul, Catherine Sellers ou Michel Piccoli et Roger Carel). Ses premiers pas sur scène, il les fait au Vieux Colombier,
au Théâtre Mouffetard puis dans toute la France. Après une interruption liée au service militaire, il continue le théâtre jusqu'à la fin des années 1960.Durant les années 70,
il assouvit sa passion de la comédie, et ses pas le guident
naturellement vers le cinéma et la télévision. Lorsqu'il rencontre le
réalisateur Jean Schmidt, il devient son ami, son assistant et
participe ainsi au film-documentaire Comme les anges déchus de la planète Saint-Michel
qui sort en janvier 1979. Ce film est fidèle aux convictions d'Alain et
aborde le thème de l'exclusion à travers l'histoire de deux hommes
abandonnés dans la capitale française. Autre rencontre déterminante
lors du tournage : celle du compositeur Philippe Sissman, qui deviendra
aussi son pianiste. L'aventure cinéma prend fin en 1978 et Alain se tourne vers la chanson.
Sous l'influence de Sissman, Aurenche envisage sérieusement de se lancer dans la
chanson. Il rencontre par ailleurs Jacques Canetti et donne quelques récitals (à l'Air libre Montparnasse, au
Lucernaire,…) et avec l'aide de Canetti (qui fût rappelons-le le « découvreur » de Brel et de Brassens) , il enregistre en 1982 chez R.C.A son premier album L'enfant mutant .
Engagé dans la chanson comme dans la vie sociale, Aurenche ne cache pas
son appartenance au mouvement libertaire, comme le firent à leur époque
Brassens ou Ferré.
Ses convictions le poussent d'ailleurs à chanter sur Radio Libertaire,
à la Fête de l'Huma, lors de concerts de soutien à Lutte Ouvrière, ou à
participer à différents festivals nationaux. C'est au cours du festival
d'Alençon qu'il chante pour la première fois avec Léo Ferré
en 1983. Les deux comparses, qui avaient fait connaissance en 1967,
sont amis, liés avant tout par une même idéologie et le goût prononcé
de l'amitié, de la chanson et de la liberté. Léo, déjà vedette depuis
longtemps, donne un coup de pouce à son « élève » et l'invitera encore
au fameux T.L.P Déjazet en première partie de son spectacle en 1986.
Plus qu'un honneur, une consécration pour cet artiste « débutant ».
Avec Léo Ferré.
Mais Alain n'oublie pas pour autant ses premières
amours et continue à travailler pour le petit écran. Il participe
notamment en 1985 au documentaire La Santé, une prison dans la ville ,
honorant encore une fois son implication pour les exclus et les oubliés
de la société (marginaux, chômeurs, prisonniers,…). Parallèlement, la
chanson le mène sur toutes les routes d'Europe (Suisse, Belgique,
France, Roumanie, Allemagne,…).Alain Aurenche devient rapidement une des figures de la chanson engagée des années 1980. Sur
scène, il donne tout, de sa voix tantôt déchirante, tantôt enjouée.
Poète, grande gueule ou « copain d'comptoir », Aurenche est tout à la
fois et va droit à l'âme. Une de ses prestations, diffusée sur Paris
Première en 1992, l'atteste. Il fait partie des grands de la chanson
française. lors qu'il participe activement à la création du
T.L.P Déjazet cher à Ferré, il trouve le temps d'enregistrer son
deuxième album au titre évocateur L'amitié (1986).
Homme de partage, Aurenche rend aussi hommage à ceux qui font ou ont fait l'histoire de la poésie. Ses interprétations de Brel, de Ferré (La chanson du mal-aimé d'Apollinaire), de Gilles Vigneault,
en témoignent. Mais c'est autour de Ferré qu'Aurenche rassemble le plus
de fidèles. Il sera un des premiers à lui rendre hommage après sa mort,
survenue le 14 juillet 1993. Dès l'année suivante, Alain s'investit
dans la création d'un gala Salut Léo, et fonde l'association Thank You Ferré,
destinée à diffuser le plus largement possible le répertoire du grand
Léo, et à lui rendre hommage au travers de nombreuses manifestations
culturelles. Il partage ainsi les années 1990 entre l'interprétation de
son propre répertoire et celle des chansons de Ferré (son spectacle de 2003 reprend d'ailleurs le Et Basta de Léo).
Et après … titre son album live enregistré au
forum Léo Ferré d'Ivry fin 2002, comme une harangue au temps et un défi
aux règles établies. Cheveux au vent de la liberté, Alain Aurenche
chante son amour des mots depuis des décennies. Cette « graine
d'ananar » digne d'un Ferré,
dont il fut à la fois l'ami, le fidèle, et l'enfant (musical, il va de
soi), ne mâche pas ses mots et ne fait aucun compromis, quitte à le
payer cher par son absence (toute relative cependant) des médias. Mais
qu'importe la gloire ! Pour cet homme de cœur et d'amitié, la chanson
est un porte-drapeau, et le sien, tout de noir vêtu, est aussi celui de
l'amour, de la fraternité et de la musique.
Il faut attendre encore 2012 pour que paraisse Andante,
le dernier album studio en date d'Aurenche. Douze titres qui rappelle
la présence du chanteur auprès de son public et sa volonté de continuer
jusqu'au bout son art et son écriture. Il faut le voir, Alain Aurenche,
arpenter les petites salles de concerts,
la mèche sur les yeux et le regard affable. Parce que cet homme a
toujours été un homme de spectacle, il s'est toujours ouvert aux
autres.
Présent
partout où la chanson vit, s'insurge, se lève et se bat, Aurenche
défend son art avec force et conviction. Ses amis de lutte : Leprest, Julien ou Cora Vaucaire.
Ses batailles : Bobino, le Forum Léo Ferré d'Ivry, Le Limonaire ou Le
Trianon. Ses victoires : un public fidèle et de plus en plus nombreux,
séduit par cette bourrasque chantée. Tour à tour émouvant, drôle ou
rageur, Alain Aurenche est une source d'émotion rare.
décembre 2003 - mai 2023
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Aurenche, poète de l'amitié et de la liberté (photo Jean-Marc Ayral)
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BIO EXPRESS
Né en 1941 à
Conakry. Comédien de théâtre durant les années 1960. Devient assistant
réalisateur de Jean Schmidt durant les années 1970. Rencontre avec
Sissman et Canetti en 1979. Débute la chanson. Premier album en 1982.
Joue en première partie de léo Ferré en 1983. De nombreuses tournées,
plusieurs albums. Une carrière loin des médias mais avec un public
fidèle. Dernier album studio Andante en 2012. Chants gnomiques en 2013 (livre).
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