Les chats ont neuf vies, dit-on. Océane Michel en a déjà emprunté plusieurs. De sa naissance en 1977 aux années 2020 l'artiste fut femme, chanteuse sous le nom d'Oshen, puis comique, comédienne engagée sous le nom d'Océanerosemarie, avant d'entamer sa transition et de devenir l'artiste polyvalent Océan. Retour sur une carrière à contre-courant.

Née parisienne en 1977, Océane grandit entre violon, trompette, piano et cours de chant et de théâtre, poussée par un papa mélomane. Puis à l'adolescence, elle a le coup de foudre pour Janis Joplin et James Brown. C'est l'heure des premières amours musicales. Océane écrit ses premières chansons à l'âge de treize ans. Son parcours scolaire la conduit à la Sorbonne où elle étudie les Lettres. Elle finit par fuir la capitale à vingt ans pour Marseille. Changement de ville, changement de vie. A contre-courant, alors que nombre d'artistes fuient la Province pour Paris, Océane s'évade et trouve son équilibre. Influencée par Björk, PJ Harvey ou Nina Simone, elle élabore son univers.

Commence alors le difficile chemin de la reconnaissance musicale. A partir de 1999, Oshen se construit, tantôt coquine, tantôt drôle, mais toujours sensible. L'amour, l'amour, et les comportements humains, avec leurs petitesses, leurs étrangetés, leur quotidien. Trop souvent traitée de "garçon-manquée" parcequ'elle a le courage de chanter des mots bruts, Oshen est avant tout une bête de scène. Parceque sa relation au public est une relation à "l'autre" en général, avec tout l'attirail pour rendre les gens heureux : humour, espièglerie, lucidité, intelligence,....

Dès la sortie de son premier album Don Juan en 2005, elle est remarquée par le public et la profession. Espiègle, coquine, mutine, ... tous les surnoms vont à Oshen. Zazie, Linda Lemay, Juliette, Rita Mitsouko,... toutes les comparaisons collent à Oshen. Mais finalement, à l'écoute de Don Juan, le premier album de cette jeune parisienne, on ne tombe sous le charme que de.... Oshen, et de personne d'autres. Car la jeune artiste se joue des contradictions et adore nous surprendre. Comme son nom de scène, qui n'a rien à voir avec ce bellâtre de Papouasie (O-Shen) et qui n'a rien d'anglophone (son vrai nom : Océane Michel). Comme ses origines également, puisqu'Océane, née parisienne, revendique son adoption marseillaise depuis de longues années. Bref, tout est dressé pour tomber dans le panneau.

Depuis que le très sérieux journal Libération lui a collé l'étiquette de "sociologue du plumard" (cadeau empoisonné ?) Oshen traîne son art dans tous les festivals et dans tous les médias. Des premières parties des Rita Mitsouko, Bénabar, Sanseverino ou La Grande Sophie; de tous les festivals de France et de Navarre (et même de Québec), Océane promène son style "cabaret-groove-chanson-qui bouge" sur toutes les scènes (dixit l'artiste).

En 2007 sort son deuxième album Je ne suis pas celle. C'est à cette époque, que sous le nom d'Océanerosemarie, elle entame une carrière de comédienne sur scène. Ses thèmes ? Le lesbianisme, la féminité et le féminisme, l'identité, le sexe, l'amour.... Elle écrit La lesbienne invisible qu'elle joue dès 2009, sans pour autant renoncer à la chanson. Pour preuve, la sortie de son troisième album en 2011 : La pudeur. Dès lors, l'artiste enchaîne cinéma, radio, musique, écriture (elle écrit deux ouvrages consacrés à la cuisine et au mariage homo). Le filme Embrasse-moi avec Alice Pol ou encore Laure Calamy rencontre un succès non négligeable.

Puis elle entame sa transformation dès 2017 et raconte dans une série sur France TV (Océan) cette période de changement profond. Un film du même nom sort sur les écrans en 2019. Officiellement devenu Océan Michel en 2018, l'artiste devient le porte-parole des personnes transgenres. Il apparaît dans de nombreuses manifestations et continue sa carrière artistique variée. Même si depuis 2011, il n'a plus sorti d'album, Océan appartient assurément au répertoire de la chanson française et est devenu, au fil des années, un porte-parole de la cause LGBT.

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