Enfant
de l’immigration, Faudel, le petit prince du Raï, est devenu en 1997, à
seulement vingt-cinq ans, le porte-parole de toute une génération de
français d’origine maghrébine. A travers ses chansons, il prône
subtilement la fusion entre deux mondes. Celui de ses origines, proche
de la tradition oranaise, et celui de l’Occident, berceau des rythmes
électroniques. Le résultat de cet heureux mariage : un artiste plein de
générosité, plébiscité pas tous.
L’histoire
de Faudel Belloua commence comme celle de nombreux enfants français de
la deuxième génération d’immigrés algériens. Ses parents ont quitté
leur pays pour trouver du travail en France et vivent difficilement
dans la tristement célèbre cité du Val Fourré à Mantes La Jolie, près
de Paris. C’est dans cette ville et dans ce contexte social tendu (la
cité est en proie à de nombreuses violences) que naît Faudel (qui
signifie « bienvenu ») le 6 juin 1978. Son père, originaire de Tlemcen
en Algérie (tout comme Patrick Bruel),
est ouvrier aux usines Renault de Flins sur Seine et sa mère fait des
ménages. Difficile pour le couple de faire vivre correctement leurs
huit enfants (huit garçons !). Mais la passion de la musique, initiée
par leur grand-mère, préserve les frères Belloua de la délinquance qui
les guette. Epris de raï (la musique traditionnelle algérienne) de
maalouf (tradition oranaise) et de reggae, chacun d’eux grandira avec
cette ferveur pour la chanson. Si bien que Faudel, à seulement douze
ans, envisage sérieusement d’en faire son métier.
Le jeune homme crée son premier groupe Les étoiles du raï avec
lequel il sillonne les routes de l’Ile de France. De fêtes en
kermesses, Faudel apprend le métier et commence, entre deux reprises
des grands chanteurs (Cheb Hasni, Cheb Mami, Khaled,...),
à écrire ses propres chansons. Par l’intermédiaire de son ami Momo
(Mohamed Mestar), Faudel prend de l’assurance et abandonne rapidement
ses études de comptabilité pour se lancer dans la chanson. Quelques
premières parties remarquées de concert (dont MC Solaar)
font parler lui. Mais ce sont surtout les télévisions qui font exploser
le chanteur. En 1995, France 3 et Arte lui consacrent deux reportages.
Sa notoriété va grandissante et lui permet de fouler l’année suivante
la célèbre scène du Printemps de Bourges.
Là, devant des milliers de personnes, Faudel s’offre à un véritable
public. A l’issue de sa prestation, prodigieuse pour un artiste de cet
âge, Mercury signe le chanteur pour un contrat de cinq albums !
Alors que le raï rencontre déjà un certain succès en Europe, notamment grâce à la présence médiatique des Khaled, Cheb Mami ou Rachid Taha (ex Carte de Séjour),
Faudel fait figure de petit nouveau. Son talent consiste à se tourner
vers toutes les musiques (electro, reggae, salsa, new wave, rock,…),
sans jamais perdre le fil de la tradition raï. Son premier album, Baïda, sorti en 1997, se démarque ainsi de ses aînés, et néanmoins amis, par cette originalité. Le succès est immédiat grâce au tube Tellement je t’aime (Tellement n'brick).
Faudel se voit attribué le flatteur surnom de Petit prince du Raï. Pour
ceux qui n’auraient pas encore succombé à sa musique et à son sourire
éclatant, Faudel transforme l’essai sur la scène de Bercy le 26
septembre 1998. L’événement est exceptionnel : 1,2,3 soleils rassemble 15 000 personnes déchaînées pour assister au premier grand concert hommage à la musique raï.
Sur
scène, Rachid Taha, Khaled et Faudel alternent leurs plus grands
succès, en solo, en duo ou en trio. La médiatisation de l’événement est
extrême (télés, journaux, radios, CD, vidéos,…..). Le jeune Faudel est
devenu une star. Après le public, la profession récompense son talent
en lui décernant début 1999 la Victoire de la Musique de la Révélation
de l’année.
Plus
rien n’arrête le jeune homme d’à peine vingt ans : tournées
internationales, concerts en France qui le mènent jusqu’à l’Olympia,
interviews, télés, disques vendus par centaines de milliers,…. L’année
1999 est l’année Faudel. Rien de plus naturel si l’image sympathique du
jeune homme s’exporte aussi sur grand écran. Ainsi tourne-t-il dans Jésus de Serge Moati puis en 2000 dans un film de Laurent Firode Le Battement d’ailes du papillon,
aux côtés d’Audrey Tautou. Si le film n’a pas eu un succès
retentissant, l’expérience a plu au chanteur, qui la renouvelle sur
petit écran en 2001 en incarnant pour M6 (chaîne française) Sami, un
surveillant de lycée. Mais Faudel ne renonce en rien à la chanson. Pour
preuve la sortie de son second album Samra en février 2001, album très
attendu et salué par la critique. Puis reprend la vie habituelle du
chanteur : tournées, enregistrements, promotions de son nouvel album,…
Une « routine » que vient troubler en février 2002 la naissance de son
premier enfant Enzy. Comblé, l’artiste offre l’image d’un homme sain et
épanoui. A l’automne 2003 sort son troisième opus, Un autre soleil,
plus réfléchi que les précédents. Les
années, l’expérience, et sa récente paternité font du « petit prince »
un homme. Ses chansons s’en ressentent et sont de plus en plus
touchantes. Il fait alors preuve d’un grand talent et d’une
personnalité attachante. Après trois albums, de nombreux tubes, et une
présence scénique étonnante, le jeune chanteur s'impose comme
l’ambassadeur du Raï en France, et assure sa promotion auprès de toutes
les générations.
Mais
le rêve tourne vite au cauchemar en 2007 lorsque
le chanteur, pourtant se définissant comme apolitique, se rapproche de
Nicolas Sarkozy lors de la campagne pour les élections présidentielles.
Faudel soutient publiquement le candidat et s'attire les foudres d'une
partie de son public. S'en suit une longue traversée du désert qui
oblige le chanteur à fuir la France avec Anissa, son épouse, et son
fils. Il fait également une dépression qui le conduit en maison de
repos. Il en profite pour écrire son autobiographie Itinéraire d'un enfant de cité en
2008. Puis la famille s'agrandit en 2010 avec la naissance de Yana.
Depuis cette époque, Faudel vit au Maroc. Il est devenu très discret
dans les médias et sa carrière est restée en sommeil. Il enregistre de
temps en temps un titre, mais aucun album à l'horizon depuis
2009.
SB 2003-2023 |
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BIO EXPRESS
Né
Faudel
Belloua, à Mantes La Jolie (Yvelines) le 6 juin 1978. Grandit au Val
Fourré. A sept frères. Se tourne trè sjeune vers la musique. Premier
groupe Les étoiles du raï. Arrête ses études de comptabilité. Fait la
première partie d'un concert de MC Solaar. Reportage télé su rlui en
1995, puis scène du Printemps de Bourges en 1996. Signe un contrat chez
Mercury. Premier album en 1997. 1,2,3 soleils en 1998 à Bercy. Victoire
de la Musique en 1999. Tourne dans deux films dont un avec Audrey
Tautou. Deuxième album en 2001. Naissance d'Enzy en 2002. Troisième
album en 2003. Traversée du désert. S'installe au Maroc. Autobiographie
en 2008. Naissance de sa fille Yana en 2010. N'a pas publié d'album depuis 2009.
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