Yves Montand Le Roi du Music-hall Ivo
Livi
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Durant toute sa vie, il a promené son regard charmeur et son talent inégalable. Fait de symboles et de contradictions, il fut le chantre du music-hall à l’ancienne, digne héritier d’un Chevalier, d’une Piaf ou d’un Trenet. Dans son bagage artistique, des dizaines de films si bien qu’on ne savait plus si le chanteur jouait la comédie ou si le comédien poussait «la chansonnette »…Parti de rien, arrivé au sommet, il n’oubliera jamais ceux d’en bas, cultivant intelligemment conscience culturelle et conscience politique et sociale. Yves Montand fut finalement, avant tout le monde, un homme du 21ème siècle. |
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On
dit que tout vient de l’enfance. Celle d’Ivo Livi et de
ses frères et sœurs, Lydia et Giuliano, forgea ses convictions
politiques. Né dans l’Italie fascisante des années
20, le petit Ivo est éduqué dans le culte du communisme
par un père ouvrier et militant. Exilés en France en 1923,
les Livi atterrissent à Marseille où les « ritals
» ne sont pas forcément les bienvenus. Une enfance difficile
commence alors. Il y a son statut d’immigré bien sûr,
mais il y a aussi la misère et la peur. Pour survivre, Ivo travaille
dès onze ans, tout d’abord à l’usine, puis
avec sa sœur, coiffeuse, qui l’incitera à passer son
CAP coiffure avec succès. Mais ce n’est qu’un métier
alimentaire. Le rêve d’Ivo, c’est la scène,
que représentent les grands artistes américains et les
comédies musicales. Un art qui sait unir avec brio danse et chant.
A dix-sept ans, il rentre à l’Alcazar, célèbre
cabaret marseillais, mais pour « chauffer la salle ». De
la salle à la scène, il n’y a qu’un pas, que
le jeune Ivo, devenu pour la cause Yves Montand, ne tarde pas à
franchir en juin 1939.
Mais la guerre arriva, qui fit se retrancher nombreux artistes dans les usines et les arrières-salles. Yves n’en attend pas la fin pour reprendre le chemin du succès. Après une série de concerts réussis en 1941, il fuit la Provence pour Paris en 1944 et fait la connaissance d’Edith Piaf. Déjà célèbre et adulée, cette croqueuse d’hommes prend Montand sous son aile et fait de lui un véritable artiste. Initié aux ficelles du métier par la Môme, le jeune marseillais se cultive et apprend à se vendre sur scène. Les femmes succombent vite à son charme méditerranéen, de l’ABC aux Folies Bergères. Des femmes justement, Montand en rencontrent beaucoup. « Libéré » après une rupture d’avec Edith Piaf en 1949, il est séduit par une jeune comédienne, fraîchement divorcée du réalisateur Marc Allegret, Simone Signoret, qui devient deux ans plus tard son épouse. Leur union durera jusqu’à la mort de Simone en 1985. Ensemble, ils côtoient le tout-Paris, réunissant autour d’eux les artistes évidemment, mais aussi les écrivains et les penseurs de l’après-guerre (Sartre, De Beauvoir, Jorge Semprun…). Dès lors, la vie de Montand devient extrêmement riche. Dosant avec justesse ses apparitions cinématographiques et musicales, il parvient à s’immiscer pleinement dans la vie culturelle française. Politiquement engagé, il profite aussi de son succès pour faire passer des messages de paix et de lutte sociale. Multiples facettes d'acteur....
Sa présence auprès des grands intellectuels des années 50 le rend très crédible et influent. Côté cinéma, il exerce son talent de comédien sous les ordres de Carné, Costa Gavras, Clouzot, Sautet, ou Dassin, tournant plusieurs dizaines de films dont la plupart à forte connotation sociale ou politique (Z, La loi, L’aveu,…). Côté scène, sa collaboration avec des auteurs compositeurs de grande envergure (Kosma, Prévert, Barouh, Lemarque,…) et sa façon unique d’interpréter les standards du music-hall (A bicyclette, Battling Joe, Mon pote le gitan, Barbara, Les feuilles mortes, Grands boulevards,…) font de lui un artiste époustouflant. Danseur, chanteur, comédien, charmeur, intellectuel, militant,… Yves Montand est une personnage public et ne se laisse jamais bâillonner. Résolument à gauche, ses prises de position et ses coups de gueule sont célèbres, même lorsqu’il s’insurge contre le Stalinisme de l’Union Soviétique amie et de l’invasion de Budapest par les chars russes. Durant toute sa vie, il ne cessera de s’exprimer sur tous les sujets lui tenant à cœur en France comme à l’étranger, où il est d’ailleurs très célèbre, du Japon aux Etats-Unis Si ce parti pris alimente les querelles de clocher, le public ne s’y trompe pas : Montand est extrêmement populaire, et les années n’altèrent en rien cette popularité. Bien au contraire, le « Papet » devient irrésistible en valet de chambre dans La folie des grandeurs de Gérard Oury en 1972 ou carrément attendrissant sous la direction de Claude Berri pour un remake remarqué de Pagnol (Manon des Sources / Jean de Florette) en 1986. |
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Il
faut attendre la mort de sa compagne Simone Signoret en 1985, à
l’âge de 64 ans pour que Yves Montand baisse la garde. Profondément
touché par cette disparition, ses apparitions se font plus rares.
Il continue cependant sa double carrière de chanteur et de comédien
et fait la connaissance, sur le tournage de Manon des Sources,
d’une jeune assistante, Carole Amiel, qui deviendra la dernière
femme de sa vie et la mère de son unique enfant Valentin, né
le 31 décembre 1988, alors que Montand est âgé de
67 ans ! Un enfant (et héritier) qui suscite les convoitises
puisqu’à la même époque, Anne Drossart, une
actrice ayant eu une aventure avec Montand lors d’un tournage,
accuse l’acteur d’être le père de sa fille
Aurélie. Les journaux se jettent avec délectation sur
cette triste affaire. Reconnu « coupable » de paternité
dans un premier temps, il faut attendre 1998, soit sept ans après
sa mort, pour que des tests ADN réalisés sur son corps
innocentent le défunt. Des années de combat pour la veuve
et la famille du chanteur, pour de sombres intérêts financiers.
Entre temps, en novembre 1991, alors qu’il termine le tournage
d’IP5 de Jean-Jacques Beineix, film dans lequel son personnage
décède d’un arrêt cardiaque, Montand est victime
d’un infarctus du myocarde et s’éteint le 9 novembre
1991 dans une clinique de la région parisienne. Il préparait
un nouveau spectacle au POPB de Paris, dédié à
son jeune fils de trois ans. Son corps repose au Père Lachaise
auprès de Simone Signoret.
Rarement
artiste ne fut si populaire : parce que chacun de ses films fut un grand
moment de cinéma (Le salaire de la peur, Compartiment tueur,
Z, L’aveu, César et Rosalie,…) ; parce que ses
chansons appartiennent au patrimoine culturel francophone (Les feuilles
mortes, Barbara, Les grands boulevards, A Paris, Battling Joe, A bicyclette,
Le télégramme,…) ; parce que ses prises de
position politiques cherchaient à défendre le peuple et
la liberté ; parce qu’il a su, naturellement, séduire
et ravir. En soixante-dix ans d’une vie bien remplie, Yves Montand
est rentré dans le panthéon de la culture française. |
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