On
croyait le milieu du Rap à la française fait de clichés.
Qu’après l’explosion
des précurseurs au début des années 90 (IAM,
NTM, MC Solaar, Massilia Sound System,…), il
ne pouvait plus y avoir de véritables innovations en la matière.
Que finalement, tous les rappeurs appartenaient indéniablement
à ce schéma « Marseille,-Banlieue-Violence-Immigration
». C’est sans compter sur de nombreuses formations, qui sans
cesse renouvellent le vivier du rap francophone : Fonky Family en fait
partie. Même si les Marseillais (tiens donc !) ont obéi
aux lois du genre, ils ont su surprendre musicalement et faire preuve
d’un grand talent scénique.
Formés
officiellement par sept amis marseillais et toulousains en décembre 1994, le groupe
Fonky Family a réellement fait ses armes dans la rue. Affublés
d’étranges noms de guerre, le Rat Luciano, Menzo, Sat, Don
Choa, Pone, DJ Djel et Fel, se sont rencontrés au hasard des concerts
de quartier. Puis un soir de 1994, réunis à l’occasion
d’une première partie de concert de Sens Unik, ils
décident de se lancer sérieusement dans l’aventure
du Rap.
Leur
jeunesse et leurs talents respectifs accouchent d’un premier tube
en 1995, Bad Boys de Marseille qui sera enregistré sur le premier album
solo d’un autre marseillais Akhenaton (leader du groupe IAM).
Puis vient un premier album intitulé Si Dieu Veut en janvier
1998, album enregistré à Marseille et qui ne passera pas
inaperçu, dépassant les 200 000 exemplaires. Apparaissant
sur la bande originale du film de Gérard Pirès Taxi,
les Fonky Family font désormais partie intégrante du paysage
rap et branché francophone.
La
grande famille du rap les accueille chaleureusement (Costello, IAM, Faby,
Troisième Œil, Expression Direkt,…), et les échanges
se font nombreux. Les membres de la Fonky apparaissent sur différents
albums et entre deux concerts (qui les mènent au passage à
l’Olympia ou à l’étranger), point fort de la
formation, certains membres trouvent encore le temps d’enregistrer
des prestations solo (comme le Mode de vie béton style du
Rat Luciano en 1999) ou ce mini album Hors Série la même
année.
Mais
la consécration vient en mars 2001 avec le deuxième opus
du groupe, Art de rue, qui, porté par leur devise «
Nique Tout », fait montre d’une rage de vaincre à toute
épreuve. Malgré le jeune âge du groupe, la Fonky Family
s’impose avec ce disque comme une des formations actuelles les plus
solides. Des titres comme Mystère et suspense bénéficient
d’une large diffusion sur les ondes spécialisées (Skyrock
notamment) et font connaître au public les textes énergiques
et sans fard des marseillais. S’en suit, comme pour ne pas oublier
que le succès du rap vient de la rue, une longue série de
concerts dans tout l’Hexagone, durant lesquels les jeunes rappeurs
entretiennent une chaude relation avec leur public (un album live FF Nique Tour, est issu de leur tournée et sort le 24 mars 2003, enregistré au Dome de Marseille).
Soudés
à la vie comme à la scène, les sept amis deviennent un des piliers du rap francophone. En groupe ou séparément
(Don Choa sort en novembre 2002 son premier album solo Vapeurs toxiques,
Djel prépare un album compilation,…), les rappeurs
de la Fonky Family remontent aux sources du hip-hop et lui confèrent
une âme empreinte de détermination et d’ultra réalisme.
Une formation ancrée dans la réalité,
solide et novatrice. Il faut attendre 2006 pour que paraisse le troisième album studio de la formation Marginale Musique.
Le public ne le sait pas encore mais ce sera le dernier opus des FF qui
annoncent en 2007 la séparation du groupe. Si les membres continuent
séparément leur carrière solo, s'ils apparaissent parfois dans les
médias et ne ferment pas la porte à d'éventuelles retrouvailles, s'ils
se reforment même en 2017 pour un concert de soutien à Pone, victime de
la maladie de Charcot, la Fonky Family semble bel et bien avoir tiré un
trait sur leur aventure commune. Reste trois albums studios et des
centaines de concerts qui ont marqué la scène rap française des années
2000.
SB 2003-2023
|