Avec ses faux-airs de Bénabar ou de Sanseverino, Guillaume Aldebert et son groupe creusent un chemin semé de réussite dans le monde des petits trentenaires (et autres quadras adulescents) de la chanson française. Ses chansons, bercées de nostalgie, de souvenirs d'enfance, et joyeusement décorées d'accordéon et de guitare, nous laissent le cœur en joie et les oreilles pleines de délicieux accords. Sa musique transporte dans un passé heureux, cour d'école, dessins animés, goûter au nutella et premières amours. Avec dix-huit albums au compteur (en 2023) (dont un live et des reprises sur diverses compilations) ,Aldebert s'assure une place de choix parmi l'élite de la chanson contemporaine.

Enfance musicale. Né à Paris le 7 juillet 1973, le petit Guillaume Aldebert et ses parents quittent très vite la capitale pour Besançon, dans l'Est de la France, où le jeune homme vit encore longtemps, même après son succès. Entre un père dessinateur et chanteur « du dimanche », et un oncle pianiste de bar, Guillaume tombe rapidement dans la musique. D'autant plus qu'à la maison rodent en permanence les ombres des grands chanteurs francophones :Brel, Brassens, Barbara pour l'essentiel, mais aussi Renaud, Le Forestier, Adamo ou Gainsbourg. Plus féru de musique que d'école, Guillaume commence l'apprentissage de la musique, piano, orgue et synthé, avant d'enchaîner sur la guitare. De sa scolarité bisontine, il garde un attachant détachement pour les choses de la vie et un exceptionnel don d'observation que l'on retrouvera plus tard dans ses chansons. Pour l'heure, les années passent, « tête en l'air », et voici les années Lycée.

Pour Guillaume, c'est le commencement d'une grande aventure musicale. Il participe à la naissance de plusieurs groupes de Rock, tendance heavy metal : Killing Potatoes, Over d'Oz ou Power Slave ont une durée de vie toute relative mais confortent le jeune homme dans la voie musicale. Puis il s'engage plus sérieusement au sein du groupe White avec lequel il fera son apprentissage durant sept années ! Tout y passe : composition, scènes régionales, écriture, presse locale.. Une véritable école de la vie. Aux antipodes de ses enregistrements actuels, les morceaux de White révèlent pourtant l'auteur Aldebert. Sans trop y croire, et tout en poursuivant des études de photographie, il compose ses premiers titres aux accents « aldebertiens ». Jusqu'à ce qu'il se lance enfin, sous l'impulsion de son ami et futur manager Jérôme Nicolet, et enregistre une maquette fin 1999. Cette maquette de douze titres deviendra son premier album sous le nom de Plateau Télé, en octobre 2000 (voir discographie ci-dessous).

Des années 2000 très chargées. La troupe Aldebert (Guillaume, Jérôme et Christophe à l'accordéon, ainsi que de nombreux musiciens de passage) sillonne les villes de la région, puis s'invite en première partie de Thiéfaine, de Tom Novembre, et dans toute la France. On les retrouve même sur la compilation Les fils du coupeur de joints, CD hommage au grand Thiéfaine, sorti en 2002. Autant dire qu'en l'espace de quelques mois, Aldebert et ses comparses se sont taillé une jolie part du gâteau musical francophone. Ils confirment sur les scènes de La Rochelle ou de Montreux. Puis en studio durant l'enregistrement de leur deuxième album Sur place ou à emporter, qui sortira en mars 2003. Un album exceptionnel qui chante avec humour, cynisme et sensibilité la vie, l'enfance, la société et ses travers, le tout baigné d'une ambiance musicale extravertie et explosive. A l'écoute de cet album (salué par la presse : Le Monde, Chorus, Télérama, Libé,…), difficile de ne pas penser à la génération Bénabar-Sanseverino. D'ailleurs Guillaume ne s'en cache pas : les trois comparses ayant écrit leurs premiers titres sensiblement à la même époque, ils possèdent naturellement la même couleur artistique. Pour « Sur place… », Aldebert remporte le Trophée Radio France 2003 et l'adhésion d'un large public.

A seulement trente ans, il enregistre son déjà troisième album, L'année du singe, qui sort le 18 octobre 2004, et confirme son immense talent d'auteur compositeur interprète. L'année du singe rentre directement en 43ème position du Top des Ventes et rencontre rapidement un énorme succès. Après avoir arpenté les scènes parisiennes (la Cigale, Le Bataclan,…) en première partie d'autres artistes (Bénabar, Tom Novembre…) Aldebert s'offre le luxe de remplir seul l'Olympia en janvier 2005 et de sortir un album Live. Puis vient Les paradis disponibles, un album comme une consécration qui sort en octobre 2006. 2008 est l'année d'un double projet pour le bizotin : travailler à la sortie d'Enfantillages, un album de chansons pour enfants, puis la préparation de son nouvel album pour 2011, Les meilleurs amis. Ce dernier, intitulé J'ai 10 ans en hommage au titre de Souchon, indique clairement l'état d'esprit du chanteur qui à presque 40 ans, ne veut pas grandir.

Enfantillages. Le succès d'Enfantillages auprès de tous les publics, jeunes et parents, conforte le chanteur dans cette voie. C'est en 2013 que sort le volume 2 comprenant 17 titres et des duos inédits avec François Morel, Claire Keim, Wampas, Benabar,... S'en suivront Enfantillages de Noël, puis Enfantillages 3, et 4 (en 2021), entrecoupés d'une série d'albums thématiques : Le voyage intersidéral, La chambre sans fond etc (voir discographie). Il est de plus récompensé en 2017 par le prix jeunesse de la SACEM. Aldebert possède une créativité inépuisable. Il se paye même le luxe d'apparaître dans des livres de jeunesse sous le titre Les histoires extraordinaires d'Aldebert chez Glénat jeunesse (six tomes) et Aldebert raconte. Ses concerts, qu'il envisage "comme une cour de récré", font salle comble.

En quelques années (presqu'un quart de siècle tout de même !), ce jeune artiste qui avait peur « de finir au Quick du coin » a remporté tous les suffrages et s'offre, avec son style unique et ses textes ficelés, une belle et longue carrière dans la chanson.

[novembre 2004-avril 2023]